L’Association juive européenne (EJA) et diverses organisations belges de défense de la communauté juive entendant faire traduire en justice Herman Brusselmans, 66 ans, l’un des écrivains flamands les plus célèbres, auteur d’une récente chronique dans le magazine Humo. Evoquant la guerre à Gaza et s’incarnant en un père palestinien voyant son fils pleurer sa mère décédée, M. Brusselmans évoquait notamment sa colère et son envie « d’enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque Juif que je rencontre ». « Bien sûr, il faut toujours se dire que tous les juifs ne sont pas des salauds meurtriers », ajoutait toutefois l’écrivain.
Avec son texte, paru le 4 août, cet auteur de nombreux romans et essais a, en tout cas, déclenché une tempête médiatique et juridique et s’est attiré les foudres d’Unia, le centre fédéral pour la défense des droits humains. Face aux critiques virulentes qui ont rapidement enflé, il a invoqué son droit à la libre expression, à la satire, « à l’exagération, l’ironie et même au sarcasme ».
Les organisations juives refusent, elles, de croire que sa tribune relève d’autre chose que d’une incitation au meurtre et réclament des excuses. Elles ont aussi demandé – en vain – le retrait du magazine de la vente et la suspension du chroniqueur. La porte-parole du centre Unia a, elle, jugé que le texte alimente « le climat ambiant hostile aux juifs ». Après avoir défendu M. Brusselmans, la direction d’Humo, propriété du puissant groupe DPG, présent également aux Pays-Bas et au Danemark, a finalement retiré le texte de son site vendredi 9 août.
Des propos « choquants »
D’autres journaux du groupe DPG n’ont pas clairement défendu le chroniqueur, qui n’en est pas, par ailleurs, à sa première polémique. Il a notamment été condamné à une amende de 100 000 euros en 1999 pour avoir dénigré une créatrice de mode, Ann Demeulemeester, qualifiée dans un de ses livres de « polype naine aux yeux boudeurs ». Het Laatste Nieuws plaidait cependant, le 8 août, pour « une idée de la liberté d’expression (…) qui s’applique à tout et à tout le monde ». De Morgen écrivait de son côté que « dans une société véritablement libre, dotée d’une opinion véritablement libre, les propos durs, simples et inappropriés d’Herman Brusselmans devraient également pouvoir passer. C’est-à-dire : avec beaucoup d’indignation, de critiques et de droits de réponse, mais sans menace judiciaire ».
Pol Deltour, président de l’Assocation des journalistes professionnels estime également que les propos « en effet choquants » de l’intéressé pouvaient toutefois être publiés dans le cadre d’une chronique. Mardi 13 août, le célèbre écrivain néerlandais Arnon Grunberg, qui collaborait depuis vingt-cinq ans avec Humo, annonçait, en revanche, que pour protester contre cette publication, il mettait un terme à ses chroniques dans le magazine qu’il taxe désormais de « révisionniste ».
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