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En Equateur, cinq personnes reconnues coupables de l’assassinat d’un candidat à la présidentielle


Alexandra Villavicencio, sœur de Fernando Villavicencio, lors d’un rassemblement devant le tribunal de Quito (Equateur), le 12 juillet 2024.

Cinq personnes jugées pour l’assassinat en Equateur du candidat à la présidentielle Fernando Villavicencio, tué par balles à Quito en août 2023, ont été condamnées vendredi 12 juillet à de lourdes peines de prison, rapporte l’Agence France-Presse.

Le principal accusé, Carlos Angulo, 31 ans, membre présumé de l’un des gangs sévissant dans le pays, « est condamné à trente-quatre ans et huit mois de prison » pour avoir planifié et ordonné depuis sa prison le meurtre de M. Villavicencio, selon le verdict lu au terme du procès.

La même peine a été prononcée à l’encontre de Laura Castillo, qui a fourni des armes, de l’argent, des véhicules et des motos aux tueurs colombiens qui ont tué Villavicencio le 9 août 2023, alors qu’il quittait un rassemblement dans le nord de Quito.

Les trois autres accusés, Erick Ramirez, Victor Flores et Alexandra Chimbo ont été condamnés à douze ans de prison pour complicité d’assassinat.

Il s’agit d’une condamnation en première instance qui peut faire l’objet d’un appel de la part des condamnés. Au cours du procès, ouvert fin mai à Quito sous haute sécurité, tous les accusés ont nié en bloc.

A l’extérieur du tribunal, dans le centre financier de Quito, des proches et sympathisants de Villavicencio ont brandi des affiches sur lesquelles on pouvait lire : « Prison pour les lâches assassins » et des photos du candidat tué.

Selon le jugement, Victor Flores était chargé d’assurer la sécurité de la moto sur laquelle circulait le tueur à gages qui a abattu Villavicencio, tandis qu’Alexandra Chimbo devait alerter les tireurs du départ du candidat. Erick Ramirez, quant à lui, s’occupait de la logistique sur les lieux de l’assassinat.

Le 9 août 2023, le candidat d’opposition à la présidentielle, l’ex-journaliste Fernando Villavicencio, avait été abattu d’une balle dans la tête à la sortie d’un meeting de campagne à Quito, à quelques jours du premier tour de l’élection à laquelle il était l’un des principaux favoris. Treize personnes avaient été blessées, dont des policiers, des militaires et des partisans de Villavicencio.

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Le crime avait profondément choqué le pays, confronté ces dernières années à un déchaînement de violences criminelles liées au narcotrafic.

Journaliste réputé pour ses enquêtes, M. Villavicencio, candidat centriste, promettait lors de sa campagne d’en finir avec la corruption gangrenant la classe politique et avec le narcotrafic.

L’assassin direct a été tué lors d’un échange de tirs avec les gardes du corps du candidat. Six suspects arrêtés dans les heures ayant suivi le meurtre, des hommes de main de nationalité colombienne, ont été eux-mêmes assassinés en prison deux mois plus tard. Sept autres personnes ont depuis été arrêtées, dont une a été acquittée et une autre est morte dans des circonstances non précisées.

Un assassinat attribué au gang Los Lobos

Parmi ces détenus, Carlos Angulo a été identifié comme le chef du gang Los Lobos (« les loups ») dans la capitale équatorienne. L’assassinat de Fernando Villavicencio a été attribué à ce groupe criminel, l’un des principaux gangs sévissant dans le pays et se disputant le contrôle du narcotrafic. Carlos Angulo a affirmé être un « bouc émissaire », estimant que l’accusation n’avait « pas pu prouver » son appartenance à Los Lobos.

Maçon de métier, âgé de 31 ans, il s’est exprimé au procès par liaison Internet depuis une prison de Guayaquil. Connu sous le surnom d’« Invisible », il se trouvait dans la prison de Cotopaxi (Andes centrales) au moment du meurtre. Selon l’enquête, la veille du meurtre, il aurait participé à un appel vidéo avec les trois autres suspects, âgés de 21 à 38 ans. Le parquet a ouvert deux autres enquêtes sur d’éventuelles omissions dans l’affaire.

Comme journaliste, M. Villavicencio avait publié plusieurs enquêtes mettant en cause de hauts fonctionnaires, y compris des alliés de l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017, aujourd’hui en exil).

Parmi les témoignages présentés lors du procès qui s’est ouvert le 25 juin, un témoin protégé a affirmé que la « tête » du candidat valait « 200 000 » dollars et que des proches de Correa étaient impliqués dans l’affaire. L’ancien président, qui vit en Belgique et est considéré comme un fugitif en Equateur, nie tout lien avec l’assassinat.

Autrefois havre de paix, l’Equateur est aujourd’hui l’une des principales plates-formes d’exportation vers l’Europe et les Etats-Unis de la cocaïne produite en Colombie et au Pérou voisins. En janvier 2024, le président élu fin 2023, Daniel Noboa, a déclaré la « guerre » aux gangs impliqués dans le trafic de drogue.

Le Monde avec AFP

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