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En Corée du Sud, les députés ont commencé à voter la motion de destitution du président


Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, à Séoul, le 7 décembre 2024.

Les députés sud-coréens ont commencé à voter, samedi 7 décembre, la motion de destitution du président, Yoon Suk Yeol, pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale, alors que près de 150 000 opposants à M. Yoon sont réunis devant le Parlement, selon les autorités.

Le vote et le résultat de la motion de destitution devaient avoir lieu dans les 72 heures suivant son dépôt, soit jusqu’aux alentours de 1 heure du matin dimanche (17 heures en France), sous peine sinon de la voir annulée.

Presque tous les députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) du président sud-coréen ont quitté l’hémicycle dans le but de bloquer, faute de quorum, la motion en destitution déposée par l’opposition contre le chef de l’Etat. Au moins 200 voix sur 300 sont nécessaires à l’Assemblée nationale sud-coréenne pour destituer le président. Le PPP de M. Yoon dispose de 108 sièges et les partis d’opposition de 192.

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Les images de la séance retransmises en direct ont montré les députés du PPP quitter la chambre avant le passage au vote. Seuls deux élus du PPP sont initialement restés et ont participé. Un troisième s’est présenté un peu plus tard et a voté lui aussi, sous les applaudissements.

Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud, mardi soir, en annonçant l’imposition de la loi martiale, une mesure sans précédent depuis le coup d’Etat du dictateur, Chun Doo-hwan, en 1980, et en envoyant l’armée au Parlement dans le but de le museler.

Dans des conditions rocambolesques, 190 députés avaient tout de même réussi à tenir une séance d’urgence dans la nuit, pendant que leurs assistants bloquaient les portes de l’hémicycle avec des meubles pour empêcher les soldats armés d’entrer. A l’unanimité, ces députés avaient voté contre la loi martiale, forçant l’impopulaire président conservateur à l’abroger au bout d’à peine six heures.

« J’ai causé de l’anxiété et des désagréments au public »

Dans une adresse télévisée à la nation d’à peine deux minutes samedi matin, M. Yoon, 63 ans, a annoncé qu’il confierait à sa formation le soin de prendre « des mesures visant à stabiliser la situation politique, y compris concernant mon mandat ». « Je ne fuirai pas mes responsabilités légales et politiques concernant la déclaration de la loi martiale », a-t-il ajouté.

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Il a expliqué son coup de force par son « désespoir en tant que président », alors que le Parlement largement dominé par l’opposition torpillait pratiquement toutes ses initiatives. « J’ai causé de l’anxiété et des désagréments au public. Je présente mes excuses sincères », a-t-il conclu avant de s’incliner profondément devant les téléspectateurs. Sa très courte allocution n’a en rien calmé l’animosité générale à son encontre.

Le chef du PPP, Han Dong-hoon, a aussitôt affirmé qu’« une démission anticipée du président est inévitable », l’exercice normal de ses fonctions étant, selon lui, « impossible dans ces circonstances ». Mais à l’issue d’une réunion dans la nuit de vendredi à samedi, une majorité de députés du parti avaient réaffirmé la ligne officielle selon laquelle ils feraient échec à la destitution, alors que M. Han avait demandé la « suspension rapide » de M. Yoon.

« Il semble que le parti au pouvoir ait décidé de s’opposer à la destitution lors du vote à condition que le président lui cède le contrôle », a déclaré Chae Jin-won, chercheur au Humanitas College de l’université Kyung Hee. « Le problème principal est que, tout en reconnaissant que le président a commis des actes répréhensibles et qu’il est un criminel, ils ne veulent tout simplement pas donner le pouvoir à Lee Jae-myung », le chef du Parti démocrate, principale force d’opposition, a-t-il ajouté.

« La population ne lui pardonnera pas »

« Actuellement, le plus gros risque en Corée du Sud est l’existence même du président. Les seules solutions sont une démission immédiate (…) ou un départ anticipé par destitution », a estimé pour sa part Lee Jae-myung après l’allocution présidentielle. Cette déclaration « ne fait qu’exacerber le sentiment de trahison et de colère parmi les citoyens », a-t-il ajouté.

Des dizaines de milliers de manifestants étaient massées samedi après-midi devant le Parlement pour attendre l’issue du vote. Ils étaient près de 150 000 au moment où le Parlement votait la motion de destitution, selon les autorités, et un million, selon les organisateurs.

« La population ne lui pardonnera pas », assure Lee Wan-pyo, retraité de 63 ans qui a regardé l’allocution du président dans la principale gare de Séoul. La Corée du Sud « doit empêcher de tels événements de se reproduire », appelle Jeon Yeon-ho, 19 ans.

Un rassemblement pro-Yoon a également lieu samedi après-midi sur la place centrale de Gwanghwamun. Des manifestants y brandissent des affiches « Arrêtez Lee Jae-myung », d’autres agitent des drapeaux américains.

Craignant un nouveau coup de force nocturne du président, qui n’était pas apparu en public depuis mercredi, les députés de l’opposition ont campé toute la nuit à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Des autobus et d’autres véhicules ont été garés sur les esplanades autour du bâtiment pour empêcher les éventuels hélicoptères des forces spéciales d’atterrir.

Dans son allocution samedi matin, M. Yoon a cependant assuré qu’« il n’y aura jamais de deuxième loi martiale ». Outre la procédure de destitution, Yoon Suk Yeol est visé par une enquête de police pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort (qui n’a plus été appliquée dans le pays depuis 1997).

Rectificatif du 7 décembre à 11 h 52 : correction sur la durée du vote de la motion de destitution.

Le Monde avec AFP



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