Le camp progressiste sud-coréen n’a pas tardé à répliquer après l’échec de la tentative d’imposer la loi martiale du président conservateur, Yoon Suk Yeol, une décision qui continue d’interroger. Dans la nuit du 4 au 5 décembre, 190 députés de l’opposition et un indépendant ont déposé à l’Assemblée nationale une motion de destitution d’un dirigeant plus que jamais contesté.
Ils reprochent à M. Yoon d’avoir « gravement et largement enfreint la Constitution » afin d’« échapper aux poursuites judiciaires ». « Il a tenté de prendre le contrôle de l’Assemblée nationale en déployant 250 militaires des troupes d’élite », a souligné le député Kim Seung-won, du Parti démocrate (PD, principale formation de l’opposition), « un crime impardonnable ».
Selon la loi, la motion de destitution doit être soumise au vote 24 à 72 heures après avoir été présentée en session. Si les deux tiers des 300 députés l’approuvent et que cette décision est validée par la Cour suprême, le président perdra ses pouvoirs. L’intérim sera assuré par le premier ministre. Au total, les partis d’opposition comptent 192 élus. Même s’il s’est opposé à la loi martiale, le Parti du pouvoir populaire (PPP, le parti au pouvoir) s’opposera à la destitution afin de « prévenir tout drame au sein de la population à cause du chaos provoqué », selon son président, Han Dong-hoon. Le sort de M. Yoon est de ce fait suspendu à huit voix.
Folle nuit
Le dépôt de la motion suit la folle nuit qui a ébranlé la démocratie sud-coréenne. Le soir du 3 décembre, M. Yoon a imposé la loi martiale, une mesure accompagnée d’un déploiement de l’armée et d’un ordre à toutes les administrations provinciales de fermer leurs bureaux, ce que le gouverneur de Gyeonggi (voisine de Séoul), Kim Dong-yeon, a refusé. La loi martiale a été annulée quelques heures plus tard par les députés.
La décision du président a suscité l’inquiétude dans le monde, notamment chez l’allié américain. Le secrétaire d’Etat adjoint américain, Kurt Campbell, considère que la Corée du Sud se trouve aujourd’hui dans une situation « difficile », après un épisode qu’il attribue à une erreur de jugement de M. Yoon. « Le souvenir des expériences antérieures de loi martiale a une résonance profonde et négative en Corée du Sud », estime-t-il. Il a toutefois réaffirmé l’engagement des Etats-Unis dans l’alliance bilatérale : « Nous sommes convaincus que les Coréens sauront résoudre ces problèmes. Nous avons confiance. »
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