La Chine veut davantage d’enfants, mais pas n’importe comment. Une Chinoise a perdu son procès contre un hôpital de Pékin qui lui avait refusé la congélation de ses ovocytes, procédure qui permet d’envisager une grossesse plus tardive. Son tort : elle n’était pas mariée. Xu Zaozao, 36 ans aujourd’hui, avait intenté un procès contre l’hôpital en 2019, quand elle s’était vu refuser cette possibilité. A l’époque, un médecin lui avait conseillé de se marier et d’avoir des enfants le plus vite possible. C’est aussi la position des autorités chinoises : alors que de plus en plus de femmes célibataires s’intéressent à cette procédure, le temps de commencer une carrière ou de trouver le bon partenaire, elle est pour l’instant réservée aux couples mariés souffrant d’infertilité. En France, la congélation d’ovocytes dite « de convenance » est possible depuis 2021.
Dans sa décision, le tribunal intermédiaire numéro 3 du peuple de Pékin a estimé que l’hôpital avait refusé « en accord avec les lois et réglementations, et avec le bon sens ». Ce jugement met fin à une longue procédure : Mme Xu avait perdu en première instance en 2022, avant de faire appel. Dans une session vidéo en direct annonçant la décision, le 8 août, la jeune femme, cheveux courts décolorés et visage décidé, a promis de « ne pas abandonner ». Elle a toutefois remarqué que la situation des femmes célibataires s’était améliorée depuis 2018. « Je pense que ça va dans la bonne direction. L’opinion publique a pas mal évolué ces dernières années. »
De fait, la décision semble ouvrir la possibilité de changements : « En cas d’ajustement des politiques familiales et de santé du pays, les standards éthiques pourraient évoluer (…). Mme Xu pourrait résoudre ce conflit avec l’institution médicale en question. » Depuis 2020, le sujet a été mis sur la table par plusieurs députés chinois lors de l’Assemblée nationale populaire, mais cette institution, qui ne se rassemble qu’une fois par an, n’a qu’un rôle consultatif.
Vieillissement de la population
Une évolution sociale à laquelle Xu Zaozao espère avoir participé, à sa mesure, puisque l’affaire a été largement suivie, à la fois sur les réseaux sociaux et par des médias d’Etat. « Quand j’ai lancé cette action en justice, mon avocat m’a dit d’emblée que les chances étaient faibles. Mais je voulais créer une occasion de parler de ce problème sur la place publique, explique-t-elle au téléphone. Depuis que je suis toute petite, les mères célibataires sont présentées dans la société soit comme des victimes, soit comme des femmes immorales. Je voulais prouver que des femmes célibataires peuvent faire le choix de leur grossesse en tout honneur. » Une manière de faire avancer les droits des femmes, sans être estampillée « activiste » et risquer la répression de l’Etat policier chinois.
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