samedi, juin 15, 2024
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En Californie, comment les peuples du saumon ont obtenu que le Klamath, leur fleuve sacré, soit restauré


Avant d’entamer la conversation, Ron Reed se campe sur un pont à Somes Bar, haut lieu spirituel de la tribu karuk. Il propose « d’écouter la rivière. » Un héron bleu traverse le ciel, mais il ne faut pas le montrer du doigt, par respect pour la tradition indigène, pas plus que photographier la clairière où se déroulent les cérémonies traditionnelles. La rivière Klamath est sacrée, comme le saumon, qui a assuré la survie de la population autochtone jusqu’à ce que la société moderne décide d’y construire des barrages pour apporter l’électricité aux colons venus s’installer au pied du mont Shasta, dans le nord de la Californie.

Long de 420 kilomètres, le fleuve Klamath prend sa source dans la chaîne volcanique des Cascades, dans l’Oregon, pour se jeter dans l’océan Pacifique, à 500 kilomètres au nord de San Francisco. Le premier barrage a été construit en 1912. Il a pris le nom de Copco, du nom de l’opérateur, la California Oregon Power Company. Trois autres ont suivi : Copco 2, J.C. Boyle (situé dans l’Oregon, nommé d’après l’architecte des travaux), puis Iron Gate, le dernier, qui date de 1962. Depuis début janvier, les quatre centrales hydroélectriques sont en cours de destruction. Les réservoirs sont déjà vides, les structures doivent être démantelées avant l’hiver.

L’événement a été salué par les écologistes de tout le pays. C’est le plus important démantèlement de barrages jamais entrepris aux Etats-Unis ; une entreprise sans précédent de restauration d’une rivière. C’est aussi l’épilogue d’une guerre qui dure depuis plus de vingt ans dans le bassin de la Klamath, entre ranchers, propriétaires terriens, professionnels du tourisme, et « peuples du saumon », les tribus indigènes dont le sort n’a cessé de décliner en même temps que celui de la rivière. Et, pour une fois, les Indiens ont gagné.

« Les fermes contre les poissons »

Le seul mot de « victoire » fait monter des larmes aux yeux de Kenneth Brink, le vice-président de la tribu karuk, l’une des cinq nations autochtones sur le trajet de la rivière (Yurok, Karuk, Hoopa, Shasta et Klamath). Pendant des décennies, les barrages ont empêché les saumons, les truites arc-en-ciel et les lamproies du Pacifique de remonter jusqu’aux eaux froides des affluents de la Klamath. Ils ont contribué à la prolifération d’une algue toxique (cyanobactérie) qui laisse des résidus bleu-vert dans les filets au lieu des poissons. Pour les tribus, leur destruction est une promesse de résurrection. Une revanche sur les injustices de l’histoire. « On sauve le poisson, mais aussi les humains, décrit Kenneth Brink. Quand le saumon s’en va, c’est notre culture qui disparaît, notre mode de vie et notre sens de nous-mêmes. »

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