LETTRE DU BENELUX
Cela ressemble à un tour de magie électorale. Tandis que, dimanche 9 juin, la Flandre assistait, étonnée, à l’inattendue, mais courte, victoire des conservateurs nationalistes sur l’extrême droite xénophobe et séparatiste lors de scrutins fédéral et régional – le même jour que la tenue des élections européennes –, la Wallonie votait pour le centre et la droite. Du jamais-vu et de quoi, dès lundi 10 juin, pousser le puissant Parti socialiste (PS) de Paul Magnette – il a offert sa démission à son bureau, lequel l’a refusée – à indiquer qu’il se cantonnerait dans l’opposition pour les cinq années à venir, à tous les niveaux de pouvoir.
Surprise, toujours, quand, moins de quarante-huit heures après les élections, les deux vainqueurs francophones, le Mouvement réformateur (MR), libéral, et Les Engagés, centristes, annonçaient la conclusion d’un accord en vue de la formation d’un gouvernement régional en Wallonie. Dans un pays toujours marqué par la célèbre crise de 2010-2011, quand il fallut 541 jours pour former une coalition fédérale – un record dans l’histoire européenne contemporaine –, l’événement ne pouvait que faire la une.
C’est en Flandre surtout que le mouvement tectonique wallon a sidéré l’opinion, les commentateurs et les politiques : ils constataient, en fait, l’effondrement de toute la gauche francophone : le PS a perdu 6 de ses 22 députés fédéraux, les écologistes n’en conservent que 4 sur 13 et les communistes du Parti du travail de Belgique ont fait mentir tous les instituts de sondage en régressant (8 sièges, soit – 2 sièges), tandis qu’on leur prédisait un triomphe. Le parti de la gauche radicale n’aura cru que quelques minutes à sa victoire, dimanche après-midi, quand une chaîne de télévision l’a annoncée. C’était une erreur, due à un souci d’encodage commis par des sondeurs décidément en méforme.
Bart De Wever, leader de l’Alliance néoflamande (N-VA), l’homme qui martelait depuis des années l’idée que les « deux démocraties » belges étaient trop différentes pour cohabiter longtemps encore s’étonnait, lui aussi, des résultats de l’élection en Wallonie. « C’est très surprenant, presque incroyable. C’est une nouvelle réalité », expliquait-il. Effectivement, la mise en place, à Namur, la capitale politique de la région, d’un gouvernement de droite est d’autant plus surprenante pour lui qu’en Flandre son propre parti devra s’allier avec les chrétiens-démocrates (centristes) mais aussi les socialistes de Vooruit, qu’il faudra convaincre d’accepter un plan d’austérité budgétaire.
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