Deux anciens soldats colombiens partis combattre en Ukraine seront jugés à Moscou en octobre. Détenus dans le centre de Lefortovo et accusés de mercenariat, Alexander Ante, 47 ans, et José Medina, 36 ans, encourent une peine de quinze ans de prison.
Les deux hommes avaient disparu le 18 juillet à l’occasion d’une escale à Caracas, alors qu’ils rentraient dans leur pays après avoir passé respectivement huit et dix mois sur le front, dans les rangs du 49e bataillon d’infanterie « Karpatska Sitch ». Ils ont réapparu fin août, menottés, dans une vidéo du Service fédéral de sécurité russe. Les autorités russes ont indiqué à l’ambassade de Colombie à Moscou que les deux anciens soldats avaient été arrêtés le 26 août et présentés au juge le 29. Soupçonnées d’avoir trempé dans cette opération, les autorités vénézuéliennes ont, elles, gardé le silence.
Pas de profil type
L’affaire vient rappeler que des centaines de Colombiens combattent, légalement ou illégalement, hors de leur pays. En 2021, l’assassinat du président haïtien, Jovenel Moïse, par des mercenaires colombiens, avait mis en lumière le phénomène. Le pays andin a connu un très long conflit armé. « Ses militaires et ses policiers, qui ont une vraie expérience de terrain, sont très demandés par les compagnies privées de sécurité et les Etats en guerre », rappelle le chercheur Andres Macias, de l’université Externado.
« Les Colombiens forment l’un des plus gros contingents étrangers, mais ce n’est pas le plus important », nuance Oleksandr Shaguri, porte-parole de la Légion Internationale pour la défense de l’Ukraine, qui regroupe l’essentiel des combattants étrangers. Commentant la qualité militaire des Colombiens, M. Shaguri insiste sur le fait qu’il n’y a pas de profil type : « Chaque individu vient à nous avec une formation différente. Certains sont très bons, d’autres moins, d’autres encore arrivent sans la moindre formation militaire », explique-t-il.
Alexander Ante, qui, après avoir effectué son service militaire, a passé plus de dix ans dans l’armée colombienne, était au chômage depuis des mois, quand, en octobre 2023, il est parti pour l’Ukraine. « Il s’est laissé tenter par les sirènes des réseaux sociaux », raconte sa sœur, Carolina. José Medina, qui s’est envolé peu après son compatriote, travaillait comme gardien. Il avait des prêts bancaires à rembourser. L’armée ukrainienne paie l’équivalent de 1 500 à 3 000 euros par mois les combattants étrangers, sur un pied d’égalité avec les Ukrainiens. En Colombie, un soldat gagne entre 270 et 540 euros.
Il vous reste 61.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.