Après les émeutiers, la justice britannique a commencé vendredi 9 août à condamner sévèrement ceux qui sont accusés d’avoir attisé en ligne les émeutes d’extrême droite de ces derniers jours au Royaume-Uni, où les autorités restent en état d’alerte avant le week-end.
A l’issue d’une semaine marquée par des dizaines de condamnations découlant des pires émeutes ayant eu lieu au Royaume-Uni depuis treize ans, Jordan Parlour, 28 ans, a été condamné à vingt mois de prison, dont au moins la moitié devront être purgés en détention, en raison de messages sur Facebook appelant à s’en prendre à un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile.
Sa condamnation est la première du genre depuis le début des violences racistes déclenchées par le meurtre de trois fillettes le 29 juillet, sur fond de rumeurs en ligne quant au profil du suspect. Quelques instants plus tard, un homme de 26 ans, père de trois enfants, a été condamné encore plus sévèrement à trois ans et deux mois de prison ferme pour avoir appelé, lui aussi sur les réseaux sociaux, à incendier des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile.
« Etat d’alerte »
Malgré des incidents résiduels en Irlande du Nord jeudi soir, le reste du pays n’a pas connu d’éruption de violence depuis mardi, et, mercredi, des milliers de personnes se sont mobilisées pacifiquement dans les rues de plusieurs villes contre le racisme et l’islamophobie. Environ un millier de personnes, parfois munis de pancartes « les fascistes dehors » ont aussi défilé vendredi dans la capitale nord-irlandaise, dans une atmosphère détendue.
A l’approche du week-end, le gouvernement s’inquiète notamment de la reprise du championnat national de football, alors que l’extrême droite a des liens historiques avec les sphères de hooligans.
En déplacement dans un centre de commandement de la police londonienne, vendredi matin, le premier ministre, Keir Starmer, a appelé la police, dont des milliers d’agents restent mobilisés, à rester « en état d’alerte ». Près de 500 personnes ont été arrêtées, environ 150 ont été inculpées et la justice a commencé à délivrer des dizaines de condamnations d’émeutiers.
« Respect mutuel »
Le premier ministre s’est dit « absolument convaincu » que cette « rapide » réponse policière et judiciaire a « eu un réel effet » sur l’accalmie de ces derniers jours. D’autant que les chaînes d’information retransmettent en direct certaines audiences des tribunaux durant lesquelles des émeutiers, qui ont plaidé coupable, se voient notifier leur peine. Beaucoup d’entre eux ont écopé de peine de plusieurs années de prison pour avoir participé aux violences et aux affrontements contre la police.
Dix jours après le début des émeutes, la prise de parole du roi Charles III était attendue alors que le souverain et la reine Camilla avaient rapidement publié un message de condoléances aux familles des victimes de l’attaque au couteau. Lors d’un entretien téléphonique vendredi avec le premier ministre britannique, il a remercié l’action de la police, attribuant les violences à la « délinquance d’un petit nombre » et a appelé au « respect et à la compréhension mutuels », a rapporté un porte-parole du palais de Buckingham.
Le président français, Emmanuel Macron, a apporté vendredi son « plein soutien » au premier ministre britannique, lors d’un appel téléphonique où il a également condamné « avec fermeté » la violence et « le désordre », détaille l’Elysée.
« Zone de non-droit »
Les violences avaient éclaté après la propagation de rumeurs sur Internet affirmant que le suspect de l’attaque au couteau de Southport était un demandeur d’asile musulman. L’adolescent de 17 ans, inculpé et écroué, est en fait né au Pays de Galles, selon la police, et des médias ont révélé que ses parents étaient originaires du Rwanda.
Jeudi, une femme de 55 ans a été arrêtée pour avoir posté un message sur les réseaux sociaux dans lequel elle avait mentionné une fausse information sur l’identité du suspect. Les réseaux sociaux « ne sont pas une zone de non-droit », a insisté Keir Starmer, vendredi, promettant que le gouvernement allait « se pencher » sur le sujet, après avoir déjà mis en garde ces derniers jours les réseaux sociaux et leurs dirigeants.
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Ces condamnations doivent, selon lui, servir de « rappel ». « Que vous soyez directement impliqué [dans les violences] ou que vous ayez agi à distance, vous êtes coupable, et vous serez traduit en justice si vous avez enfreint la loi », a-t-il martelé.
Certains, comme le maire de Londres, Sadiq Khan, appellent le gouvernement à réexaminer une nouvelle loi sur la sécurité en ligne votée l’an dernier mais qui n’est pas encore totalement entrée en vigueur.