dimanche, novembre 24, 2024
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« Dans une Amérique fracturée, avec des réseaux sociaux qui attisent la haine, des artistes doivent être solides pour choisir Harris ou Trump, et le claironner »


A dix jours de l’élection américaine, le rappeur Eminem est monté sur une scène de Detroit, dans le Michigan, pour entonner son titre Not Afraid (2010). « Pas peur ». Il n’était pas en concert mais en meeting, dans un bastion démocrate, décisif pour le scrutin. Clamant son amour pour Kamala Harris, il a eu cette phrase : « Je pense que les gens ne devraient pas avoir peur d’exprimer leurs opinions. » Ni avoir peur de « représailles ».

Ce que dit Eminem n’est pas anodin quant à la façon dont le monde culturel américain se positionne pendant cette élection. La nouveauté n’est pas dans les forces en présence. D’une élection à l’autre, le monde de la musique ou du cinéma en grande majorité, avec son lot de stars guettées par les électeurs indécis (ne cherchez pas un écrivain, un peintre ou un soliste d’orchestre), penche pour les démocrates.

Derrière les incontournables Meryl Streep, Ben Stiller et George Clooney – qui a joué son rôle dans le retrait de Joe Biden – s’alignent des dizaines de noms comme Beyoncé, Ariana Grande, Jennifer Lawrence, Julia Roberts, Usher, Billie Eilish, Robert De Niro, Jennifer Lopez ou Lizzo. Bruce Springsteen aussi, qui s’est affiché avec Kamala Harris le 24 octobre à Atlanta (Géorgie) et qui chantera pour elle, le 28 octobre, à Philadelphie (Pennsylvanie).

En face, comme de coutume, c’est plus maigre. Hormis les incontournables Clint Eastwood et Kanye West, voire Dennis Quaid, les célébrités sont d’abord nationales ou locales. Pour compenser, Trump n’a pas hésité, le 14 octobre, en meeting en Pennsylvanie, à écourter des questions et à danser sur scène sur sa playlist, où figurent Elvis Presley, Guns N’Roses et YMCA, des Village People.

Outrances verbales

Et pourtant quelque chose a changé par rapport à 2016, quand Trump a battu Hillary Clinton. Cette dernière avait derrière elle un nombre record de célébrités. Qui multipliaient les insultes envers l’ennemi : brute, immonde, raciste, porc, clown, psychopathe. Robert De Niro voulait lui casser la gueule. Trump fut érigé en victime, en rajoutant dans la défense de l’Amérique d’en bas contre les nantis d’Hollywood. Avec le résultat que l’on sait. On a alors pu dire que les soutiens de stars ne font pas gagner mais que leurs outrances verbales peuvent faire perdre. Une double peine.

Kamala Harris a moins de soutiens qu’Hillary Clinton, en tout cas ils se font discrets, et les mots sont bien plus des louanges pour elle que des insultes pour l’adversaire. Au point que Le Parisien du 23 octobre a pu écrire qu’Hollywood, bastion démocrate, connaît « le retour du cinéma muet ».

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