A Nousseirat, au milieu de la bande de Gaza, l’enfer s’est déchaîné au cœur de la nuit. Un peu avant 2 heures du matin, jeudi 6 juin, une frappe a touché une école de l’UNRWA, l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens, au sud de la ville de Gaza, un vaste ensemble de bâtiments dans lequel plusieurs milliers de personnes chassées par la guerre d’autres parties de l’enclave palestinienne avaient trouvé refuge, installées tant bien que mal dans des locaux désaffectés. La direction de l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah, situé à proximité de Nousseirat, qui a vu affluer les victimes du bombardement, faisait état jeudi soir d’au moins 33 morts, dont trois femmes et neuf enfants.
Depuis plusieurs jours, les opérations militaires israéliennes gagnaient en intensité dans cette région centrale de Gaza, notamment entre Al-Boureij et Nousseirat, deux camps de réfugiés séparés de quelques kilomètres. L’essentiel des personnes qui se trouvent dans ce secteur sont des déplacés d’autres parties de Gaza visées par des opérations de l’armée israélienne, à la poursuite d’éléments du Hamas.
Karin Huster, conseillère médicale de Médecins sans frontières (MSF) à Gaza, postée dans l’hôpital Al-Aqsa, évoquait mercredi sur le réseau X une « escalade insensée des hostilités » et qualifiait la situation d’« apocalyptique ». L’établissement est un « navire en train de couler », affirmait-elle. Entre mardi et mercredi, avant même le bombardement de l’école de Nousseirat, 70 morts et 300 blessés avaient été amenés à l’hôpital.
Sur X, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a précisé que la frappe de jeudi n’a été précédée d’aucun « avertissement préalable, ni aux personnes déplacées ni à l’UNRWA ». Il a rappelé que l’ONU « partage les coordonnées de toutes [ses] infrastructures avec l’armée israélienne et les autres parties au conflit ». « Attaquer, cibler ou utiliser des bâtiments de l’ONU à des fins militaires témoigne d’un mépris flagrant du droit humanitaire international », s’est indigné M. Lazzarini, ajoutant que « plus de 180 structures de l’UNRWA ont été touchées » depuis le début de la guerre à Gaza.
« Panique la plus totale »
L’armée israélienne a revendiqué l’attaque aérienne au motif que l’école de Nousseirat abritait « une base du Hamas » et s’est félicitée du fait que « plusieurs terroristes » ont péri dans l’explosion. Un porte-parole de l’armée, le colonel Peter Lerner, a déclaré lors d’un briefing à la presse que de vingt à trente membres du Hamas et du Jihad islamique étaient regroupés dans trois salles de classe au moment de la frappe. Le colonel Lerner n’a fourni aucun élément à l’appui de ces accusations.
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