Un Etat membre de l’Union européenne (UE) peut-il avoir l’euro comme monnaie officielle sans faire partie de la zone euro ? Alors que se tient le 18 décembre un sommet entre l’UE et
les pays des Balkans occidentaux, cette question originale pourrait faire partie des sujets
abordés dans le cadre du processus d’élargissement de l’UE. Fin octobre 2024, la Commission européenne a adopté son paquet « élargissement » annuel et sa présidente a déclaré que l’élargissement de l’UE aux pays des Balkans occidentaux sera « une priorité absolue » de son second mandat. Parmi ces pays, le Monténégro est le plus avancé dans ce processus.
Le Monténégro pourrait clore l’ensemble des chapitres de négociation relatifs à l’acquis de l’UE d’ici à la fin 2026 et projeter une adhésion pour fin 2028 ou début 2029. Le cas de l’adhésion du Monténégro présentera une singularité sans précédent dans le domaine monétaire. En effet, la monnaie officielle du Monténégro est l’euro depuis janvier 2002, mais en rejoignant l’UE, ce dernier ne sera pas membre de la zone euro. Son cas sera unique dans l’histoire de l’élargissement, car il sera le premier Etat membre à avoir l’euro sans faire partie de la zone euro.
Ancienne république de la fédération yougoslave avant de partager une union avec la Serbie, le Monténégro opte finalement pour son indépendance en 2006. Toutefois, dès 1999, ce pays choisit une indépendance monétaire en adoptant le deutschemark comme seconde monnaie officielle à cours légal aux côtés du dinar yougoslave. Il fait ce choix pour mettre fin à une longue période d’instabilité monétaire caractérisée par deux épisodes d’hyperinflation en moins de dix ans, dont un comptant parmi les plus sévères de l’histoire.
La dollarisation officielle unilatérale
En 2001, il abandonne le dinar et conserve le deutschemark (DM) en tant qu’unique monnaie officielle à cours légal. Ce processus monétaire très particulier s’appelle la dollarisation officielle unilatérale. Il désigne l’adoption par un pays de la monnaie d’un autre pays comme monnaie officielle, sans accord négocié ni supervision de la part des autorités monétaires émettrices de la monnaie choisie.
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