mercredi, juin 12, 2024
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comment la question migratoire a pesé sur le vote des Français


Des migrants récupérés en mer alors qu’ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, à Douvres, en l’Angleterre, le 12 juin 2024.

En plébiscitant le Rassemblement national (RN), qui a fait campagne sur le concept de « double frontière », la promesse du « refoulement systématique » des bateaux de migrants, de l’externalisation du traitement de l’asile ou encore sur l’idée que la France est un « guichet social » pour étrangers, les électeurs français ont-ils signifié avant tout leur rejet de l’immigration ? Près de la moitié d’entre eux (43 %) ont déclaré que l’immigration avait été un sujet déterminant de leur vote aux élections européennes, dimanche 9 juin, où le RN a capitalisé 31,4 % des voix. C’est ce qui ressort d’un sondage Ipsos réalisé à la sortie des urnes. Parmi les seize sujets proposés aux sondés, l’immigration arrive donc en deuxième position, derrière le pouvoir d’achat (45 %) et devant la protection de l’environnement (27 %). « On tient là une différence importante avec le scrutin européen de 2019, quand le pouvoir d’achat (38 %), l’environnement (38 %), la place de la France dans le monde (32 %) et l’immigration (32 %) étaient presque au même niveau », souligne Ipsos.

Chez les électeurs de droite et d’extrême droite, le poids du sujet « immigration » est encore plus fort : il est cité chez 79 % (première position) des électeurs de Jordan Bardella et chez 57 % (première place aussi) des électeurs de François-Xavier Bellamy, mais seulement chez 13 % des électeurs de la liste Parti socialiste-Place publique, de Raphaël Glucksmann. « Les électeurs de la droite jusqu’à l’extrême droite ont une posture anti-immigration, alors que le sujet est mineur chez les électeurs de gauche », constate Emmanuel Rivière, politologue et directeur associé de l’agence Grand Public.

Cette posture hostile à l’immigration s’est d’autant plus exprimée le 9 juin que le sujet est considéré comme un enjeu européen, plus encore qu’un enjeu national. L’étude Eurobaromètre du printemps l’illustre. A la question « Quels sont les deux problèmes les plus importants auxquels fait face l’Union européenne ? », et parmi une liste de quinze choix, les Français étaient 19 % à répondre l’immigration, derrière la guerre en Ukraine (30 %) et le coût de la vie (23 %).

La progression du vote RN sur le territoire démontre, en outre, le succès de la stratégie de normalisation du parti d’extrême droite auprès d’une frange élargie d’électeurs. « Aujourd’hui, la xénophobie devient un moteur légitime du vote chez certains qui, avant, ne votaient pas en fonction de ce sujet, appuie Vincent Tiberj, sociologue et politiste, professeur des universités à Science Po Bordeaux. C’est le résultat d’un long processus, apparu dans les années 1980 avec le Front national, et qui s’est amplifié avec le temps. Avec la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et son élection, l’immigration et l’islam entrent dans le champ des débats légitimes. Depuis les années 2010, on observe aussi la mise en place de tout un écosystème qui véhicule un discours anti-immigrés, dans certains médias et chez certains intellectuels. »

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