vendredi, octobre 4, 2024
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Cinq ans après le coup de force de Modi, une élection test au Cachemire


A Srinagar, lors des élections locales, le 1ᵉʳ octobre 2024.

Sous le regard attentif d’un paramilitaire armé d’un pistolet automatique, Shahid Farooq sort d’un bureau de vote dans le village d’Asham, dans le district de Bandipora, au Cachemire, mardi 1er octobre. « Le Cachemire en a assez de Modi. Nous avons besoin d’un changement, qui ne se produira que si nous avons notre propre gouvernement », assène cet ingénieur, qui se souvient des vaines promesses de paix et d’emplois pour les jeunes faites par le premier ministre indien.

Le Cachemire a voté pour la première fois depuis dix ans, grâce à l’intervention de la Cour suprême, pour élire son assemblée régionale et le scrutin qui s’est achevé le 1er octobre a valeur de test pour le premier ministre indien, cinq ans après sa reprise en main brutale de la région himalayenne.

Le 5 août 2019, les dix millions de Cachemiris s’étaient réveillés privés de tous modes de communication – Internet, téléphone, courrier – avec des colonnes de soldats déployés dans les rues. Narendra Modi venait d’abroger unilatéralement l’article 370 de la Constitution qui conférait à cette région, la seule à majorité musulmane de l’Inde, une large autonomie. Dans les jours qui ont suivi, les arrestations arbitraires et les disparitions se sont multipliées.

La révocation du statut spécial s’est doublée d’un changement de statut : le Cachemire a été divisé en deux entités administratives distinctes, d’un côté le Jammu-et-Cachemire, à l’ouest, et le Ladakh à l’est. Les deux ont été rétrogradés au rang de territoire de l’Union indienne, et non plus d’Etat fédéré, directement administrés par le gouvernement de Delhi.

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L’abrogation de l’article 370 figurait au programme de l’extrême droite indienne depuis des décennies. Les nationalistes rêvent d’« hindouïser » cette région en favorisant l’installation de populations venues du reste du pays. Le gouvernement a ainsi levé l’interdiction, pour les non-Cachemiris, d’acquérir des terres, de postuler à des emplois et de voter, dans le but de modifier la composition démographique de la région himalayenne. Les autorités ont mené depuis cinq ans une politique systématique de modification des droits fonciers.

Développement du tourisme religieux hindou

La Fédération internationale pour les droits humains, qui publie, mardi 2 octobre, un volumineux rapport sur la situation au Cachemire, estime que la campagne de confiscation de terres, au motif d’« empiètement illégal », lancée par l’administration du Jammu-et-Cachemire, en 2023, a concerné une surface équivalente à la superficie de Hongkong. Des milliers de Cachemiris ont été expulsés et leurs biens détruits. Des terres ont également été accaparées pour développer le tourisme religieux hindou, à travers des pèlerinages, et les autorités projettent d’acquérir de nouveaux espaces pour doubler la population de Srinagar, capitale du Jammu-et-Cachemire, d’ici à 2035.

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