Dimanche 23 février, les Allemands sont appelés aux urnes pour élire les 630 parlementaires qui siégeront au Bundestag. Voici ce qu’il faut savoir sur ce scrutin, dont dépendra le nom du prochain chancelier.
Pourquoi des élections maintenant ?
Ces élections arrivent après des scrutins locaux peu favorables aux partis de l’ex-coalition du chancelier Olaf Scholz, qui rassemblait les sociaux-démocrates du SPD, les Verts et les libéraux du FDP.
En novembre 2024, sur fond de tensions sur le cap économique à tenir et sur la question de la dette, le chancelier social-démocrate a limogé son ministre des finances libéral, Christian Lindner. Cette décision a provoqué la rupture de la coalition qu’il dirigeait, et l’a conduit à convoquer un vote de confiance au Bundestag, qu’il a perdu le 15 janvier 2025 (par 207 voix favorables, 394 défavorables et 116 abstentions). Dans la foulée, le président Frank-Walter Steinmeier a dissous le Parlement et convoqué des élections pour le 23 février, soit six mois avant la date prévue – le 28 septembre.
Comment fonctionne l’élection ?
Le système électoral allemand est résolument proportionnel. Et la réforme du système électoral adoptée en 2023 a encore renforcé cette philosophie.
Ce mode de scrutin peut paraître étrange d’un point de vue français, puisque l’élection d’un candidat ne dépend pas entièrement de son score local. « Il faut partir du principe que ce système pense d’abord parti politique, et non pas personnalité », resitue Aurore Gaillet, professeure de droit à l’université Toulouse Capitole.
Que disent les sondages ?
La droite, représentée par la démocratie chrétienne (la CDU et son partenaire bavarois, la CSU), fait largement la course en tête, avec environ 30 % des intentions de vote, selon la moyenne des sondages. La formation d’extrême droite AfD a quant à elle ravi depuis l’été 2024 la deuxième place au SPD, recalé à la troisième place. Les Verts, qui ont brièvement trusté la deuxième position dans les sondages à l’été 2022, sont désormais donnés en quatrième position par les études d’opinion.
Comment se forment les coalitions ?
Du fait du mode de scrutin allemand, il est extrêmement rare qu’un parti obtienne la majorité à lui tout seul. Ce n’est arrivé qu’une fois, pour les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU, en 1957. La vie politique allemande est donc rythmée par la formation de coalitions entre partis qui se rassemblent pour gouverner après s’être affrontés dans les urnes.
Leurs programmes étant souvent difficilement compatibles, il faut parfois plusieurs mois pour établir un accord de gouvernement. Le dernier en date a été conclu en novembre 2021 entre le SPD, les Verts et le FDP autour du social-démocrate Olaf Scholz après deux mois de négociations, et faisait 177 pages. La grande coalition dirigée par Angela Merkel à partir de 2013 a nécessité deux mois de pourparlers pour négocier les 170 pages du contrat de coalition entre les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates.
En 2025, plusieurs scénarios de coalition semblent possibles au regard des sondages actuels. Isolé jusqu’à peu par un « cordon sanitaire » (qui s’est récemment délité), l’AfD semble a priori exclu d’un futur gouvernement. Au vu de leur niveau dans les sondages, les conservateurs de la CDU/CSU devraient être à la tête de la future coalition. Soit dans un attelage avec les sociaux-démocrates ou les libéraux, comme entre 2005 et 2021, soit en alliance avec les Verts et les libéraux (ce que les Allemands appellent la coalition « Jamaïque » en raison des couleurs de ces partis).