France 24 publie jusqu’aux élections législatives six dossiers thématiques consacrés à des enjeux majeurs de la campagne. Voici le premier volet consacré au pouvoir d’achat, qui s’est déjà installé comme l’une des thématiques principales, chaque famille politique l’ayant placé en tête de ses priorités. Tour d’horizon des propositions du Nouveau Front populaire, de la coalition Ensemble et du Rassemblement national.
Enjeu majeur de cette campagne des législatives anticipées, le pouvoir d’achat est présent en bonne position dans les promesses de toutes les formations politiques. Alors même que le programme complet de la coalition présidentielle Ensemble (Renaissance-MoDem-Horizons-UDI) n’est pas finalisé, le Premier ministre Gabriel Attal a livré une interview à la presse régionale française, samedi 15 juin, suivie d’un passage au 20 h de France 2, pour présenter ses mesures en la matière. Face au Nouveau Front populaire et au Rassemblement national, qui font du pouvoir d’achat un axe majeur, il ne fallait pas perdre de temps pour riposter.
France 24 détaille les mesures que proposent ces trois familles politiques.
« Décréter l’état d’urgence sociale »
L’alliance de gauche propose « une rupture totale avec la politique d’Emmanuel Macron« , et en particulier en matière de pouvoir d’achat, a assuré, vendredi 14 juin, le coordinateur de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard, au moment de présenter le programme commun du Nouveau Front populaire, fruit de quatre jours et trois nuits d’intenses tractations.
LFI, le Parti socialiste (PS), Les Écologistes et Parti communiste (PCF) entendent, dans les 15 premiers jours après leur arrivée au pouvoir, bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants, augmenter les salaires par le passage du SMIC à 1 600 euros net et par la hausse de 10 % du point d’indice des fonctionnaires (intégralement compensée pour les collectivités territoriales), abroger la dernière réforme de l’assurance-chômage, augmenter les pensions de retraite minimum pour une carrière complète au niveau du SMIC et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté, garantir des prix planchers pour les agriculteurs et revaloriser les APL de 10 %. Ils comptent également prendre de premières mesures pour la « gratuité intégrale à l’école », notamment la cantine et les fournitures scolaires.
Puis, lors de leurs 100 premiers jours au pouvoir, ils promettent une grande loi pour le pouvoir d’achat. Celle-ci permettrait notamment d’indexer les salaires sur l’inflation, de porter l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) au niveau du SMIC, d’annuler la hausse de 10 % de la taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE) entrée en vigueur au 1er janvier 2024, d’annuler la hausse du prix du gaz programmée au 1er juillet, de rendre gratuit les premiers KwH consommés, d’abolir les coupures d’électricité, de chaleur et de gaz toute l’année et d’annuler la réforme du revenu de solidarité active (RSA), qui conditionne son versement à des heures d’activités obligatoires.
Pour les jeunes, il est prévu de créer un dispositif de billet unique permettant d’accéder à l’ensemble des trains, transports en commun, ainsi qu’aux vélos et voitures en libre service du territoire français.
Enfin, sur le logement, le Nouveau Front populaire prévoit la construction de 200 000 logements publics par an pendant cinq ans – répondant aux normes écologiques les plus ambitieuses –, l’adoption d’une grande loi pour garantir le droit au logement effectif qui abrogerait la loi Kasbarian, encadrerait les loyers de manière obligatoire dans les zones tendues, mais aussi les prix du foncier, mettrait en place une garantie universelle des loyers pour sécuriser les propriétaires et les locataires, et ouvrirait l’accès du prêt à taux zéro à tous les ménages primo-accédants, sans distinction géographique ou entre neuf et ancien.
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« Un pouvoir d’achat central »
« Le pouvoir d’achat sera central dans le programme que je présenterai en début de semaine prochaine », a affirmé le Premier ministre Gabriel Attal, samedi 15 juin, sur France 2, en présentant ses principales mesures.
Le plafond de la prime de partage de la valeur (PPV) versée par les entreprises à leurs salariés, autrefois appelée prime exceptionnelle de pouvoir d’achat et désormais mieux connue comme la « prime Macron », sera porté à 10 000 euros par an, au lieu de 3 000 actuellement – ou 6 000 dans certains cas –, sans charge ni impôt. Cette prime n’a plus la cote depuis la fin de sa défiscalisation. Les versements de cette PPV par les entreprises ont ainsi diminué de plus de moitié au premier trimestre 2024, par rapport à la même période de l’an passé, après la fin de sa défiscalisation, selon l’Insee. Gabriel Attal promet donc le retour de la défiscalisation.
Le pouvoir d’achat sera central dans le programme que je présenterai en début de semaine prochaine.
Voici plusieurs premières mesures. pic.twitter.com/hKh3n1MVKY
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) June 15, 2024
Après la hausse des tarifs, le Premier ministre a confirmé une baisse des factures d’électricité de 15 % « dès l’hiver prochain », ce qui représentera pour chaque Français, « 200 euros de moins » sur leur facture, « grâce à la réforme du marché européen de l’électricité que nous avons obtenue ».
Gabriel Attal propose aussi d’étendre la complémentaire santé solidaire à 1 euro par jour aux retraités, étudiants, indépendants et demandeurs d’emploi qui ne sont pas couverts par une mutuelle. Et pour répondre au sujet des fournitures scolaires mis sur la table par le Nouveau Front populaire, il propose des achats groupés pour permettre une baisse des prix pouvant aller jusqu’à 15 %. Les supermarchés pourront ainsi proposer des « packs » de fournitures dont les prix baissés seront issus de négociations entre l’État et des fournisseurs.
Sur le logement, le Premier ministre entend exonérer de frais de notaire les primo-accédants à la propriété (jusqu’à 250 000 euros), et souhaite rénover 300 000 logements supplémentaires d’ici 2027.
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Baisser les factures d’énergie
« Sur les questions économiques, j’ai une priorité, c’est le pouvoir d’achat. Dès les premières semaines de mon action comme Premier ministre, je ferai voter la baisse de la TVA […] sur l’énergie, parce que se déplacer et se chauffer est aujourd’hui dans notre pays en train de devenir un produit de luxe », a affirmé Jordan Bardella, vendredi 14 juin, sur BFMTV.
Dès les premières semaines, comme Premier ministre, je baisserai la TVA sur les énergies – carburants, fioul, électricité, gaz -.
Et je négocierai une dérogation auprès de la Commission européenne pour sortir des règles de fixation des prix et baisser les factures d’énergie. pic.twitter.com/OZwWw1iEWk
— Jordan Bardella (@J_Bardella) June 14, 2024
Le parti d’extrême droite promet de baisser les factures d’énergie en annulant la hausse du prix du gaz prévue au 1er juillet et en réduisant la TVA sur l’électricité, le gaz, le fioul et les carburants de 20 % à 5,5 % dès cet été, grâce un projet de loi de finances rectificatif voté lors d’une session parlementaire extraordinaire. La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité se fera en revanche dans « un second temps », explique Jordan Bardella dans un entretien, publié lundi 17 juin, dans Le Parisien.
Sur les salaires, le Rassemblement national compte inciter les entreprises à les augmenter en échange d’exonérations de cotisations patronales.
Le patron du RN souhaite aussi engager des négociations avec la Commission européenne pour sortir des règles de tarification de l’électricité, comme l’a fait l’Espagne, pour « baisser de 30% les factures », assure-t-il au Parisien.
Le reste du programme du RN et les éventuelles mesures complémentaires en faveur du pouvoir d’achat ne sont pas encore connus. Le parti de Jordan Bardella doit de publier dans les prochains jours un « livret économique », un vade-mecum censé compiler et mettre à jour ses propositions en la matière.
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En faisant le choix de la dissolution de l’Assemblée nationale au soir des élections européennes, Emmanuel Macron a contraint les partis politiques à une campagne éclair de trois semaines avant le premier tour des élections législatives anticipées, dimanche 30 juin. Un temps restreint qui oblige France 24 à se concentrer sur l’essentiel et notamment les trois familles politiques en mesure de l’emporter à l’issue du second tour, dimanche 7 juillet. C’est pourquoi notre série d’articles concernant les programmes ne présentera que les propositions du Nouveau Front populaire, de la coalition présidentielle Ensemble et du Rassemblement national – seules ces trois coalitions étant en position d’accéder au pouvoir.