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Ce que l’on sait sur l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban, entré en vigueur cette nuit


Des voitures passent devant les décombres de bâtiments détruits dans la banlieue sud de Beyrouth, après qu’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur, le 27 novembre 2024 au matin.

Un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur au sud du Liban, mercredi 27 novembre à 4 heures, heure locale (3 heures, heure de Paris), après plus d’un an d’hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte entre l’armée israélienne et la formation libanaise armée. Le premier ministre libanais, Najib Mikati, a salué une « étape fondamentale » vers la stabilité régionale.

Rôle-clé des Etats-Unis et de la France

L’accord, négocié par l’envoyé spécial américain au Liban, Amos Hochstein, a vu le jour après plusieurs semaines de tractations, dans lesquelles les Etats-Unis et la France ont joué un rôle important. La diplomatie internationale s’est notamment appuyée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et stipule que seuls l’armée libanaise et les casques bleus peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.

Le président américain, Joe Biden et le président français Emmanuel Macron, ont ainsi salué conjointement mardi soir l’annonce de la mise en œuvre du cessez-le-feu, après l’approbation du texte par le cabinet de sécurité israélien. L’accord, « créera les conditions nécessaires au rétablissement durable du calme et permettra le retour en toute sécurité dans leurs foyers des habitants des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière entre les deux pays tracée par les Nations unies, ont-il déclaré dans un communiqué commun.

Les deux présidents ont fait savoir que leurs pays allaient veiller à ce que l’accord soit « mis en œuvre dans son intégralité et appliqué ». Ils ont assuré qu’il « protégerait » Israël de la « menace » du Hezbollah, s’engageant à œuvrer pour le renforcement des « capacités » de l’armée libanaise et le redressement de l’économie du pays. « On pourrait dire que cet accord, c’est le fruit d’un travail d’arrache-pied qui a été mené depuis de longs mois, et que c’est un succès pour la diplomatie française et que nous pouvons en être fiers », s’est félicité mercredi Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères français, sur Franceinfo.

Une phase de transition de soixante jours

Outre l’arrêt des combats, l’accord prévoit la mise en place d’une phase de soixante jours de transition au cours de laquelle les troupes israéliennes devront évacuer le sud du Liban, où elles sont entrées à partir du 1er octobre. Parallèlement, les forces du Hezbollah devront se retirer au nord du fleuve Litani, à une vingtaine de kilomètres environ de la frontière.

Pendant cette phase de deux mois, les Forces armées libanaises (FAL) vont, elles, au contraire, se redéployer progressivement dans la bande frontalière évacuée par le Hezbollah. Elles sont autorisées à envoyer immédiatement entre 1 000 et 2 000 hommes dans le Sud, puis jusqu’à 6 000 hommes dans les six mois à venir.

Mercredi matin, l’armée libanaise a justement annoncé « prend[re] les mesures nécessaires pour achever son déploiement dans le Sud et à mettre en œuvre ses missions en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban [Finul] ».

Le nombre de casques bleus doit augmenter

Depuis le début de l’offensive israélienne dans le sud du Liban, fin septembre, la Finul n’était pratiquement plus en mesure d’exercer son mandat. Avec cet accord de cessez-le-feu, les quelque 10 000 casques bleus vont pouvoir être redéployés le long de la ligne bleue.

L’accord de trêve prévoit notamment que le nombre de casques bleus soit revu à la hausse. Le ministre des affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a précisé mercredi matin que les 700 soldats français du contingent français de la Finul, déjà présents au Liban, allaient jouer « un rôle important ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans le sud du Liban, les casques bleus pris en tenaille

Un comité de surveillance va être créé

Pour éviter que le scénario de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, en 2006, ne se répète et pour que l’accord soit respecté par les parties, un comité de surveillance, composé de cinq pays et présidé par les Etats-Unis, va être créé. Il comprendra aussi la France ainsi qu’une structure déjà existante, le comité tripartite (Liban, Israël et Nations unies), qui était devenu inopérant depuis le début de la guerre.

L’armée israélienne et le Hezbollah sur le qui-vive

D’après Joe Biden, l’accord a été conçu pour donner lieu à un arrêt permanent des hostilités entre les deux parties. Malgré la signature de cette trêve, le Hezbollah a assuré qu’il continuerait à combattre Israël tant que l’offensive à Gaza se poursuivrait.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a, lui, mis en garde mardi soir que la durée du cessez-le-feu dépendrait « de ce qui se passera au Liban ». « Nous maintenons une totale liberté d’action militaire », a-t-il ajouté : « Si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer, nous attaquerons ». L’armée israélienne a affirmé mercredi matin « agi[r] en conséquence » de l’accord dans le sud du Liban, se disant toutefois « en état de préparation défensive élevé », en cas de « viol[ation] de l’accord de cessez-le-feu ».

L’annonce de l’accord est par ailleurs intervenue dans climat de tensions toujours fort, à l’issue d’une journée où Israël a pilonné le centre de Beyrouth et sa banlieue sud, bastion du Hezbollah, comme jamais depuis qu’il a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements visant le mouvement dans le pays voisin, puis y a entamé le 30 septembre des opérations au sol dans le Sud. Le mouvement chiite a également revendiqué dans la soirée des tirs vers le nord d’Israël ainsi que le lancement de drones sur des « cibles militaires sensibles » à Tel-Aviv.

Le Monde avec AFP

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