Réussi ! Les applaudissements étaient nourris et les effusions de joies nombreuses, mardi 9 juillet, dans la salle de contrôle Jupiter du Centre spatial guyanais (CSG), à Kourou, d’où était suivi le premier vol d’Ariane-6. Les quatre années de retard du programme n’étaient plus qu’un mauvais souvenir, ce lancement redonnant à l’Europe sa souveraineté dans le domaine spatial. Une autonomie qu’elle avait perdue voici neuf mois.
« C’est un jour historique pour l’ESA et l’Europe », affirmait le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher, « Ariane is back », renchérissait Martin Sion, président exécutif d’ArianeGroup, l’industriel qui fabrique le lanceur. « L’Europe est de retour », ajoutait Philippe Baptiste, président du Centre national d’études spatiales (CNES). Un lancement réussi en dépit d’un accroc en fin de mission. « Cela n’a pas de conséquence pour les prochains lancements », a tenu à préciser Stéphane Israël, président exécutif d’Arianespace.
Cette fusée est avant tout une réponse à Elon Musk qui, avec sa Falcon-9, a révolutionné le marché, voici dix ans, en cassant les prix et en obligeant les Européens à réagir au risque de se voir laminer. C’était donc avec une impatience certaine que les équipes attendaient ce moment depuis de nombreux mois. « Maintenant, il faut lancer Ariane-6 le plus vite possible, tout est prêt », affirmait, à la veille du lancement, Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial à l’ESA, résumant l’état d’esprit général.
« Faire deux tours de la Terre »
Le compte à rebours a débuté lundi dès 15 heures. Un des moments symboliques, mardi au petit matin, fut le retrait du portique mobile, un bâtiment haut de 89 mètres enserrant la fusée. Lentement, cette structure métallique d’échafaudage pesant 8 200 tonnes, presque autant que la tour Eiffel, reculait sur plus de quatre-vingts mètres, laissant apparaître la fusée. Une sortie sous la pluie et dans la moiteur, les nuages s’étant accumulés au-dessus du pas de tir et de la savane environnante qui couvre de forêts et de mangroves les deux tiers des 600 kilomètres carrés du CSG.
Commençaient alors les opérations de remplissage des réservoirs en hydrogène liquide à – 250 °C et oxygène à – 180 °C. La zone de lancement était ensuite évacuée, dans un rayon de deux kilomètres, en raison des risques de dégâts acoustiques lors du décollage. L’onde de choc de 180 décibels est telle qu’elle provoque des éclatements ou des écrasements dans l’organisme. Et c’est du centre Jupiter, à près de 20 kilomètres du pas de tir, qu’a été suivi de l’opération par une soixantaine de personnes contrôlant les paramètres de vol sur leurs ordinateurs, face à un écran géant affichant de multiples images et données.
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