Les Etats-Unis font de nouveau face à un épisode de violence impliquant les forces de l’ordre : une femme noire a été abattue au début de juillet par un policier blanc dans l’Illinois, selon les images de la caméra-piéton de cet agent, qui a été inculpé de meurtre.
L’avocat Ben Crump, très engagé dans les affaires de violences policières contre des personnes noires et qui représente la famille de la victime, Sonya Massey, a qualifié, mardi 23 juillet, le meurtre d’« insensé ». Lors d’une conférence de presse, il a aussi dit que la police avait initialement essayé de minimiser sa responsabilité, selon la famille, et montré du doigt le voisinage.
D’après la vidéo publiée lundi par la police de l’Etat de l’Illinois, Mme Massey, 36 ans, n’était pas armée quand les faits se sont produits le 6 juillet à Springfield. Dans un pays où les cas de personnes noires ou issues de minorités ethniques tuées par des policiers blancs défraient souvent la chronique, le président, Joe Biden, a réagi lundi en affirmant dans un communiqué que la jeune femme « devrait toujours être en vie ».
« Je jure devant Dieu que je tire dans ta putain de tête »
Le 6 juillet après minuit, Mme Massey a appelé la police car elle soupçonnait une tentative d’intrusion chez elle, selon le bureau du shérif du comté de Sangamon. A l’intérieur, les deux policiers lui ont demandé d’éteindre une marmite d’eau qui bouillait sur la cuisinière « pour éviter un incendie », selon les images vidéo.
Elle s’est saisie de la marmite et l’un des agents s’est reculé. Quand la femme lui a demandé pourquoi, le policier a dit en riant qu’il voulait « s’éloigner de son eau bouillante ». Sonya Massey lui a reproché cette attitude en disant calmement à deux reprises : « Oh, je te réprimande au nom de Jésus. »
« Tu ne devrais pas. Je jure devant Dieu que je tire dans ta putain de tête », a répondu l’un des policiers en sortant son arme. La femme s’est accroupie derrière un comptoir, la casserole entre les mains. Les policiers lui ont alors crié : « Lâche cette putain de casserole » et des tirs ont retenti. Ils ont ensuite expliqué avoir eu peur d’être aspergés d’eau bouillante.
L’un d’eux, Sean Grayson, a été inculpé d’homicide volontaire. Le shérif local, Jack Campbell, a qualifié cette décision d’ouvrir le feu d’« injustifiable » : l’agent « avait d’autres options », a-t-il dit.
Un « racisme systémique et profondément ancré »
« Quand nous appelons à l’aide, nous tous en tant qu’Américains, qui que nous soyons et où que nous habitions, devrions pouvoir le faire sans avoir peur pour notre vie », a réagi Joe Biden dans son communiqué.
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La vice-présidente, Kamala Harris, candidate démocrate à l’élection présidentielle, a prévu de s’entretenir avec la famille de la victime, selon Ben Crump, qui a dit que les autorités avaient promis une enquête « juste et transparente ».
En septembre 2023, des experts mandatés par l’ONU affirmaient qu’il existait un « racisme systémique et profondément ancré » envers la communauté noire au sein des systèmes policiers et judiciaires américains, un « héritage de l’esclavage ».
Ce groupe d’experts avait été créé après la mort, en 2020, de l’Afro-Américain George Floyd, tué par un policier blanc à Minneapolis, dans le Minnesota − un drame qui avait déclenché une immense vague de manifestations aux Etats-Unis. Dans ce pays où les services de police sont décentralisés et qui compte plus d’armes en circulation que d’habitants, il n’existe pas de formation unique pour les policiers.
