Plus de deux ans et demi après l’invasion de l’Ukraine, le groupe Auchan semble proche de sortir de Russie. Selon un article publié jeudi 24 octobre par le média d’informations exclusives La Lettre, l’enseigne dans la galaxie Mulliez est « entrée en phase finale de négociation avec un acteur local » afin de lui céder sa filiale russe, sans préciser le nom du repreneur.
Selon selon nos informations, il pourrait s’agir de Gazprombank. La filiale bancaire du géant russe, bras gazier du Kremlin, qui avait déjà repris en septembre 2023 des centres commerciaux à Ingka Group (Ikea), où sont installés certains des magasins russes d’Auchan. Cette filiale fait l’objet de sanctions limitées, tout en étant proche du pouvoir. Une des difficultés pour les groupes occidentaux souhaitant se désengager de Russie est, en effet, de trouver un acheteur adoubé par le Kremlin, au risque si ce n’est pas le cas de voir leurs actifs confisqués par le pouvoir comme Danone et Carlsberg en ont fait l’expérience. Contacté, Auchan n’a pas répondu à nos sollicitations.
Si cette cession se concrétise, elle marquerait un virage majeur dans la stratégie internationale d’ELO, la société qui chapeaute l’activité commerciale, la banque ainsi que l’immobilier du distributeur. La Russie, où le groupe opère depuis 2002, est en effet le pays où Auchan compte le plus de magasins, après la France. Au 30 juin, l’enseigne y exploitait 94 hypermarchés (sur un total de 494) et 137 supermarchés (sur 771), y réalisant un peu moins de 10 % de son chiffre d’affaires et employant près de 25 000 collaborateurs. New Immo Holding, le pôle immobilier du groupe, détient 130 de ces points de vente.
Risque élevé en matière d’image
Depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine, le 24 février 2022, Auchan prend soin dans sa communication de mettre sur le même plan l’Ukraine – où l’enseigne exploite une quarantaine de points de vente – et la Russie, déclarant avoir « fait le choix de poursuivre, malgré les difficultés, son activité dans ces deux pays afin de continuer à y exercer pleinement sa mission, celle de fournir aux habitants une alimentation de qualité au plus juste prix ».
Le groupe assure « veiller scrupuleusement au respect des sanctions » en ayant notamment interrompu tout financement et investissement dans sa filiale russe qui opère « en toute autonomie ». Pour autant, le risque en matière d’image est élevé. En février 2023, l’enseigne avait été accusée de livrer gratuitement des marchandises à l’armée russe, selon des documents obtenus par Christo Grozev, ancien directeur exécutif de l’ONG Bellingcat, et par Le Monde. « Nous n’effectuons, soutenons ou finançons aucune collecte “caritative” à destination des forces armées », avait alors assuré Auchan.
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