Pour la deuxième fois seulement en plus de sept décennies, le Paraguay connaîtra-t-il une alternance ? Dimanche 30 avril, plus de 4,7 millions d’électeurs sont appelés à se rendre aux urnes, lors d’une élection présidentielle à un tour. Ils devront choisir, notamment, entre Santiago Peña, de l’Association nationale républicaine, communément appelée Parti Colorado (droite), et la coalition du centre Concertation pour un nouveau Paraguay, portée par la candidature d’Efrain Alegre.
Alors que le Parti Colorado, déjà au pouvoir pendant la dictature militaire d’Alfredo Stroessner (1954-1989), est habitué aux élections sans suspense, ce scrutin apparaît ouvert pour la première fois depuis 2008 et l’élection du centre gauche. Les sondages sont serrés. Certains donnent Santiago Peña gagnant, d’autres une égalité de voix avec Efrain Alegre, et d’autres enfin un avantage pour ce dernier.
Santiago Peña, 44 ans, économiste, ancien ministre des finances (2015-2017) et ancien membre de la Banque centrale (2000-2009), se pose en candidat de l’investissement. Son programme promet la création de 500 000 emplois, des garderies gratuites pour la petite enfance afin de permettre aux mères de travailler ou d’étudier, un plan « global » contre le trafic et la consommation de drogue et l’accès au logement. En février, il saluait, dans un entretien avec le journal brésilien Folha, les « années de stabilité » de la dictature militaire, coupable de violations des droits humains.
Droite en recul
Depuis plusieurs mois, l’assise de la droite semble bousculée. En décembre 2022, le Parti Colorado s’est déchiré lors des primaires dont Santiago Peña est sorti vainqueur. Si ce dernier joue la carte du dynamisme et d’un certain renouveau générationnel, il ne parvient pas à se distancier de son mentor et chef du parti, l’ancien président Horacio Cartes (2013-2018).
Ce richissime homme d’affaires a été considéré comme « significativement corrompu » par le département d’Etat américain en juillet 2022. Il est aussi accusé par Washington d’avoir des liens avec le Hezbollah, parti libanais considéré comme terroriste par les Etats-Unis. Horacio Cartes est ainsi frappé de sanctions financières par le bureau américain du contrôle des avoirs étrangers. Ses entreprises sont interdites de transactions avec les Etats-Unis. Des accusations de corruption qui ont également ciblé le vice-président du pays, Hugo Velazquez, entraînant son retrait de la primaire du parti.
Face à Santiago Peña, Efrain Alegre, un avocat de 60 ans, ancien parlementaire et ex-ministre des travaux publics et des communications (2008-2011), brigue pour la troisième fois la présidence. Il avait échoué, en 2018, face à l’actuel président, issu du Parti Colorado, Mario Abdo Benitez.
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