jeudi, décembre 12, 2024
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Au Pakistan, le parti de l’ancien premier ministre emprisonné est menacé d’interdiction


Gohar Ali Khan (au centre), avocat de l’ancien premier ministre Imran Khan et président du parti de M. Khan, le Pakistan Tehrik-e-Insaf (PTI), s’adresse aux médias lors d’une conférence de presse à Islamabad, le 15 juillet 2024.

Le pouvoir pakistanais semble obsédé par l’idée d’éliminer l’ancien premier ministre Imran Khan de la scène politique. Tout est mis en œuvre pour neutraliser l’ex-chef du gouvernement, emprisonné depuis août 2021. Mais rien n’y fait, Imran Khan demeure l’homme le plus populaire du pays. Dans une ultime tentative, les autorités font désormais planer la menace d’une interdiction sur son parti le Pakistan Tehrik-e-Insaf, le Mouvement du Pakistan pour la justice (PTI).

Les accusations qui pèsent sur le PTI et son fondateur comprennent la divulgation de documents classifiés, l’incitation à l’émeute ou encore le financement étranger de parti politique, ce qui est interdit au Pakistan. Le gouvernement de coalition emmené par le premier ministre Shehbaz Sharif et son parti le Pakistan Muslim League-Nawaz (PML-N) a également affirmé qu’il envisageait des poursuites pour trahison contre M. Khan.

Cette annonce est intervenue lundi 15 juillet, quelques jours à peine après la décision de la Cour suprême d’accorder au PTI une vingtaine de sièges de députés supplémentaires. Lors des élections législatives du 8 février, les candidats loyaux à Imran Khan étaient parvenus à remporter le plus grand nombre de sièges. Mais le parti du premier ministre déchu, empêché de concourir en tant que formation, fut obligé de présenter des candidats indépendants. Il n’avait donc pas pu bénéficier des quotas de sièges réservés aux femmes et aux minorités. L’ajout de 20 sièges renforcerait donc ainsi substantiellement le parti d’Imran Khan, le faisant passer de 106 députés sur 336, à l’Assemblée nationale.

« Cela n’affectera peut-être pas la majorité du gouvernement de coalition dirigé par le PML-N, mais la perte d’environ deux dizaines de sièges réservés mettra fin à sa majorité des deux tiers dans les deux chambres, nécessaire pour apporter des amendements à la Constitution », explique Zahid Hussain dans une chronique publiée dans les colonnes de Dawn, quotidien pakistanais de référence. C’est un « coup dur porté au régime soutenu par l’armée » et il « semble avoir ébranlé le PML-N au pouvoir et l’establishment sécuritaire du pays », estime Zahid Hussain.

Gouvernement « totalement désespéré »

La menace d’une interdiction du PTI aura en tout cas provoqué un tollé. « La décision de la Cour suprême renforce le PTI dans l’enceinte du Parlement et le gouvernement est totalement désespéré, d’où cette décision ridicule », estime Faisal Amin Khan, élu à l’Assemblée nationale et membre du parti d’Imran Khan. La Commission des droits de l’homme du Pakistan s’est dite choquée et a appelé le gouvernement à faire machine arrière. Cette instance indépendante a qualifié la décision d’interdire le PTI « de coup énorme porté aux normes démocratiques », estimant qu’« elle empeste la désespérance politique ». « Si cela va jusqu’au bout, cela ne fera que déboucher sur une polarisation plus profonde et augmentera la forte probabilité du chaos politique et de la violence », a jugé le président de la Commission, Asad Iqbal Butt, dans un communiqué.

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