Le nombre de Tunisiens morts lors du pèlerinage à La Mecque continue de s’alourdir. Ils sont au moins soixante à avoir péri cette année en Arabie saoudite, selon le ministère des affaires étrangères. Une liste nominative a été publiée lundi 24 juin par le consulat général tunisien à Djedda.
La veille, l’Arabie saoudite avait diffusé, pour la première fois, un bilan officiel de 1 301 pèlerins décédés. L’agence de presse officielle saoudienne SPA a précisé que « 83 % n’étaient pas autorisés à accomplir le hadj [le pèlerinage qui a duré du 14 au 19 juin] et « avaient parcouru de longues distances sous le soleil, sans abri adéquat ni confort ».
Pressé par la polémique qui ne cessait d’enfler, le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé, vendredi 21 juin, le limogeage du ministre des affaires religieuses, Brahim Chaïbi, accusé d’avoir tardé à réagir au drame. Des informations sur la disparition, samedi 15 juin, de plusieurs pèlerins qui s’apprêtaient à entreprendre l’ascension du mont Arafat, l’une des étapes les plus importantes du pèlerinage, ont commencé à circuler dès le lendemain.
Les jours suivants, des vidéos montrant des pèlerins égarés, esseulés et en détresse, ont été abondamment partagées sur les réseaux sociaux. Plusieurs peinent encore à rentrer en Tunisie et ont témoigné dans différents médias du calvaire qu’ils ont vécu et du manque d’organisation constaté durant leur périple.
Des agences de voyages parallèles
Alertées, les autorités tunisiennes ont tardé à réagir. Hamadi Soussi, coordinateur général de la santé dans les lieux saints, assurait le 16 juin qu’aucun décès n’avait été enregistré parmi les pèlerins faisant partie du circuit officiel. Le même jour, Mustapha Abdelkebir, président de l’Observatoire tunisien des droits de l’homme, confirmait, lui, qu’une dizaine de pèlerins, tous originaires de la ville de Ben Guerdane, dans le sud-est du pays, avaient trouvé la mort entre samedi et dimanche.
Selon Radio Monastir, ces derniers s’étaient rendus en Arabie saoudite par l’intermédiaire d’agences de voyages, munis de visas touristiques en dehors des circuits officiels. Les autorités saoudiennes les auraient empêchés de se rendre en bus au mont Arafat, faute d’inscription, les contraignant à parcourir de longues distances à pied sous un soleil de plomb et des températures dépassant parfois les 50 °C.
Il a fallu attendre le mardi 18 juin pour que les autorités confirment « des décès et des personnes égarées » parmi les pèlerins tunisiens, avant qu’un bilan officiel faisant état de 35 morts ne soit publié par le ministère des affaires étrangères.
Alors que l’inquiétude montait, des centaines de photos du ministre des affaires religieuses, qui se trouvait lui aussi à La Mecque, ont été publiées par ses services. Les clichés, montrant le ministre tout sourire en compagnie d’autres pèlerins, ont soulevé une vague d’indignation.
Balayant les critiques exprimées par ses « détracteurs » alors qu’il recevait le prix saoudien de « l’excellence pour services aux pèlerins » lors d’une cérémonie officielle organisée mercredi 19 juin, le ministre des affaires religieuses s’est même dit satisfait de l’organisation de cette saison du hadj. De retour à Tunis trois jours plus tard, il a tenté de minimiser l’ampleur du drame, rejetant en partie la faute sur les familles des pèlerins morts qui se sont tournés vers les circuits d’organisation parallèles, dans une déclaration à la télévision nationale à son arrivée à l’aéroport.
Cette année, près de 11 000 Tunisiens ont été sélectionnés selon le quota officiel du pays pour entreprendre le pèlerinage du hadj à La Mecque. Des milliers d’autres se sont tournés vers des agences de voyages parallèles, qui promettent à leurs clients une expérience similaire à moindre coût. En l’absence d’encadrement adéquat, plusieurs d’entre eux, souvent âgés, ont passé leur séjour dans des conditions difficiles voire insalubres, sous une chaleur accablante.
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Les autorités tunisiennes ont indiqué que des dizaines de pèlerins disparus ont été retrouvées dans les hôpitaux saoudiens et que les recherches se poursuivaient toujours. Pour certains d’entre eux, les démarches consulaires ont été effectuées afin de faciliter leur retour en Tunisie.