Le périmètre de la frappe israélienne qui a décapité le commandement de l’unité d’élite du Hezbollah, vendredi 20 septembre, est toujours bouclé, dimanche, par des hommes du mouvement chiite, à Jamous, l’un des quartiers de la vaste banlieue sud de Beyrouth. Une odeur de brûlé flotte. Des bulldozers soulèvent des gravats. Un immeuble s’est effondré, lorsque quatre missiles ont été tirés sur cette zone résidentielle, où des cadres militaires du Hezbollah tenaient une réunion : seize combattants ont été tués. Des civils, dont des femmes et des enfants, ont aussi péri. Le dernier bilan provisoire de cinquante-deux morts, établi par la défense civile, lundi matin, pourrait s’alourdir. Dans la soirée, neuf personnes étaient toujours portées disparues.
Cette frappe, précédée par le sabotage à l’explosif, attribué à Israël, d’appareils de communication de membres du Hezbollah, nourrit un « climat d’insécurité dans la banlieue sud », note Chadi Fares qui, depuis vendredi, est venu attendre des nouvelles de sa famille. Plusieurs de ses proches, dont quatre enfants, ont trouvé la mort dans la frappe. « Notre ennemi [Israël] ne respecte aucune règle. S’ils veulent tuer des combattants, qu’ils le fassent sur la ligne de front », dit avec colère cet homme aux cheveux longs, qui vit en dehors de la banlieue-sud, mais y est né.
Avec une série d’attaques en quelques jours, la violence des affrontements qui se jouent à la frontière libano-israélienne depuis près d’un an a fait irruption aux portes de Beyrouth. La frappe israélienne ciblant un chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, fin juillet, et ayant fait aussi des victimes civiles, avait déjà créé un choc dans la banlieue sud. Les habitants de cette zone chiite à l’habitat très dense, bastion du Hezbollah, étaient convaincus que le ciblage de celle-ci était une ligne rouge.
« Il y a désormais une guerre au Liban, on ne peut plus le nier, avec des destructions chaque jour », observe Kamel Mehanna, médecin et président de l’association Amel, qui tient des centres de santé dans diverses régions du Liban, dont l’un en banlieue sud.
« Tout peut arriver »
Près du lieu touché, une famille s’éloigne dans une voiture chargée de matelas ; une jeune fille porte une cage à oiseaux. Une autre famille s’engouffre à la hâte dans un véhicule, avec des affaires emballées dans des sacs-poubelle. « Il y a, depuis plusieurs mois, un va-et-vient de la population. Des habitants du Sud, dont les villages sont bombardés, ont trouvé refuge en banlieue de Beyrouth. Après la frappe de juillet, 30 % des habitants ont quitté la banlieue-sud. Les gens bougent en fonction du danger qu’ils perçoivent », poursuit le docteur Mehanna. Dans le Sud, plus de 100 000 personnes ont quitté leurs maisons depuis octobre 2023.
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