LETTRE DE TOKYO
A l’approche des Jeux olympiques de Paris, le Japon s’interroge sur les performances de ses judokas. En terre de France, première rivale de l’Archipel sur les tatamis, la question est de savoir si ses champions réitéreront l’exploit des JO de Tokyo, en 2021, où ils avaient raflé neuf des quinze médailles d’or en jeu. Le suspense agite d’autant plus les gazettes que le nombre de pratiquants baisse au Japon. De 250 000 dans les années 1990, il a plongé à 124 060 en 2022.
La chute coïncide avec le déclin démographique nippon. Elle découle surtout de scandales qui ont nui à l’image du judo et du désintérêt des jeunes, plus portés sur l’e-sport, le football ou encore les pratiques urbaines comme le skateboard que sur la « voie de la souplesse ».
La désaffection pour le premier sport japonais à figurer au programme olympique – c’était en 1964 – a convaincu l’Association japonaise des maîtres du judo (JMJA) de faire quelque chose. Cette structure de vétérans du tatami, liée à la fédération japonaise, a dévoilé en juin une série animée, La Vie de Jigoro Kano, la voie de la souplesse, consacrée au fondateur du judo, Jigoro Kano (1860-1938).
La vie du père du judo
Les cinq épisodes ont été « programmés pour sortir avant les Jeux olympiques de Paris, en France, bastion du judo, dans l’espoir de faire connaître l’histoire, la philosophie et les bienfaits du judo auprès des citoyens du Japon et de l’étranger », explique doctement Masateru Nakagawa, ancien président de la maison de la culture du Japon à Paris et membre éminent de la JMJA.
« L’idée d’une série animée m’est venue il y a deux ans quand le Studio Ghibli du réalisateur Hayao Miyazaki a ouvert son parc d’attractions à Nagoya », se souvient Tetsu Yamaguchi, adhérent de la JMJA, résident de la grande ville du centre du Japon et chargé de la production du dessin animé dont le coût, autour de 30 millions de yens (172 000 euros), a été couvert en partie par le financement participatif.
Les cinq épisodes ont été dessinés par le mangaka Yu Yagami – connu pour la série Ceux qui chassent les elfes (Taifu Comics, 1995 ; Erufu o Karu Mono-tachi, MediaWorks, 1994-2003) – sur un scénario de Yoshihiko Tomizawa. Ils sont accessibles sur YouTube, avec des sous-titres en français, anglais, espagnol, portugais et chinois.
Chronologique, la série revient sur la vie du père du judo, de son enfance dans une famille aisée de producteurs de saké, la maison Kiku-Masamune de Kobe (ouest), à son décès sur le paquebot Hikawa Maru.
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