lundi, novembre 25, 2024
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Après la rupture de deux câbles en mer Baltique, la crainte d’un sabotage et de la « guerre hybride »


Photo montrant l’installation, en octobre 2015, près d’Helskinki (Finlande), du C-Lion1, le câble sous-marin victime d’une avarie lundi.

L’incertitude et le doute. Voilà deux armes que la Russie manie avec succès pour déstabiliser ses adversaires européens. Dans la Baltique, deux câbles de fibre optique sous-marins, l’un, reliant la Suède à la Lituanie, l’autre, la Finlande à l’Allemagne, ont subi des coupures, dimanche 17 et lundi 18 novembre au matin. Sabotages ou coïncidence ? Des enquêtes ont été ouvertes, mais six pays européens – dont la France – n’ont pas attendu pour accuser, mardi, les Russes d’attaques hybrides « sans précédent par leur variété et leur ampleur » contre les pays de l’OTAN et de l’Union européenne (UE). La guerre « hybride » combine des actions militaires et non militaires : cyberattaques, désinformation, sabotage, colis piégés, espionnage, ou encore ingérence électorale.

Les pannes de câbles sont courantes, causées par des ancres de navire ou des mouvements de terrain. Mais leur simultanéité et la zone où elles sont survenues ont d’emblée nourri des soupçons. « Personne ne croit que ces câbles ont été coupés accidentellement », a déclaré le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, avant une réunion des ministres de la défense de l’UE à Bruxelles, évoquant même un possible « sabotage ». « Notre sécurité européenne n’est pas seulement menacée par la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, mais aussi par la guerre hybride menée par des acteurs malveillants », ont affirmé de leur côté la ministre finlandaise des affaires étrangères, Elina Valtonen, et son homologue allemande, Annalena Baerbock.

Plus prudent, le président lituanien Gitanas Nauseda a estimé qu’il était trop tôt pour tirer des conclusions. Il a rappelé que des infrastructures stratégiques en mer Baltique avaient déjà été endommagées, « à la suite d’activités malveillantes et de négligences involontaires ». Même prudence chez le premier ministre finlandais, Petteri Orpo, qui a affirmé qu’il n’était « pas encore possible de dire s’il s’agit d’un acte de sabotage ». La Suède, comme la Finlande, ont ouvert une enquête.

« Cela ne ressemble plus à une coïncidence »

« Il est très difficile de retracer l’origine des assaillants, décrypte Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et spécialiste des conflictualités numériques. On peut avoir des soupçons, des indices, mais très souvent on ne saura pas ce qu’il en est. »

Plusieurs incidents se sont déroulés ces derniers mois en mer Baltique. En septembre 2022, les deux gazoducs Nordstream, reliant la Russie à l’Allemagne, avaient été endommagés par une explosion, sans qu’un responsable ne soit identifié. En octobre 2023, un gazoduc et deux câbles de communication avaient été dégradés entre la Finlande et l’Estonie par l’ancre d’un porte-conteneurs chinois, selon l’enquête, qui n’a pas établi si l’acte était accidentel ou intentionnel.

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