mardi, décembre 17, 2024
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« Air Force One », seul aux manettes


Retrouvez tous les épisodes de la série « Trump Fictions » ici.

« J’accepte humblement et avec gratitude votre candidature à la présidence des Etats-Unis. » A l’heure d’endosser l’habit de candidat du Grand Old Party à la fonction suprême, Donald Trump, dont l’humilité n’est pas la qualité première, commence par cette formule tout en sobriété son discours à la convention républicaine, le 21 juillet 2016, à Cleveland (Ohio).

La campagne des primaires est finie et, jusque-là, rien n’a été sobre. Trump a déjoué les pronostics en enfreignant toutes les règles de bienséance – et d’humilité, justement. Il s’apprête à défier cent jours plus tard la grande favorite de l’élection, la démocrate Hillary Clinton. Il surprendra, cette fois, la planète entière.

L’organisation des conventions des deux grands partis américains, tous les quatre ans, obéit à des règles strictes, si bien que le candidat intronisé ne peut que s’inscrire dans une chorégraphie pensée pour les télévisions et calée à la minute près. Dans cette optique, les organisateurs n’aiment rien de moins que les surprises, et ils ont soigneusement fait taire les quelques voix dissonantes qui n’admettent toujours pas la victoire du milliardaire new-yorkais dans la course à l’investiture.

Mais Donald Trump n’est pas un candidat comme les autres, et il veille à ce qu’on ne l’oublie pas. Pour cela, il lui reste les détails. Le futur 45e président des Etats-Unis arrive à la convention en hélicoptère et en descend au son de la bande originale du film Air Force One, solennelle et hollywoodienne en diable.

Harrison Ford interprète un président des Etats-Unis bagarreur dans « Air Force One », de Wolfgang Petersen (1997).

« Ce n’est qu’un film, Donald ! »

Sorti en salle en 1997, le film de Wolfgang Petersen a engrangé plus de 300 millions de dollars au box-office. Produit culturel d’un autre millénaire, il est d’ordinaire associé à la présidence Clinton, quand les Etats-Unis, unique superpuissance survivante de la guerre froide, s’impliquaient dans les affaires du monde en jouant le jeu des organisations internationales. Soit en apparence une politique étrangère à mille lieues du trumpisme. Mais le film met aussi en scène un locataire du bureau Ovale qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte, ou plutôt à faire le coup de poing, ce qui est nettement plus compatible avec la grammaire trumpiste.

Le clin d’œil est tout sauf subtil, si bien que les sarcasmes fusent immédiatement. L’acteur principal d’Air Force One, Harrison Ford lui-même, ne tarde pas à ouvrir le feu. « Ce n’est qu’un film, Donald ! » lance-t-il, faisant mine de préciser, goguenard : « Ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie. (…) Mais comment pourrais-tu le savoir ? » Succès garanti. Pourtant, la punchline (« saillie », en bon français), glisse sur « The Donald » comme l’eau sur les plumes d’un canard. Il en essuiera bien d’autres, sans dommage.

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