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A Pokrovsk, des milliers de civils ukrainiens vivent à portée des canons russes


Lida Garkouchenko, au bord d’une route dans le sud de Pokrovsk (Ukraine), le 10 novembre 2024.

A 7 kilomètres de la ligne de front, largement désertée, la ville de Pokrovsk attend le coup de grâce. « Je compte sur Dieu pour me protéger », explique à travers un timide sourire Lida Garkouchenko, une frêle dame de 72 ans. Dimanche 10 novembre, elle attend comme chaque jour le client devant son maigre étal de légumes, de bocaux et de fleurs disposés sur des cagettes empilées sur le trottoir. Les passants sont peu nombreux dans le quartier Chakhtarski, situé au sud de la ville. Paradoxalement, c’est ce quartier, le plus proche du front, qui reste le plus animé. Une dizaine de commerces sont ouverts dans deux rues perpendiculaires. Dans le reste de Pokrovsk, les trottoirs sont déserts et les véhicules rares.

Apercevant une vieille connaissance, Lida lui offre un bouquet de chrysanthèmes et engage la conversation. D’ici une demi-heure, elle va tout remballer, car le couvre-feu débute à 15 heures pour se terminer le lendemain à 11 heures. Lida raconte qu’elle s’est habituée au danger et ne descend plus du tout dans la cave « trop sale » de son immeuble. « Je reste pour garder l’appartement de ma fille », au troisième étage d’un immeuble situé à deux pas de son étal. Parfois, le vacarme des explosions la réveille dans la nuit, mais elle se rendort aussitôt.

En face de l’étal de Lida, de l’autre côté de la rue, une poignée de militaires bavardent devant le Churchill, un café au design contemporain qui n’a pas l’air à sa place, cerné par des barres d’immeuble grisâtres et décatis ayant depuis longtemps outrepassé leur durée de vie. Un des soldats, un trentenaire de petite taille qui se présente sous le nom de guerre « Krestik », confie avec un sourire entendu que certains de ses camarades circulent en habits civils « pour pouvoir acheter discrètement de l’alcool », mais aussi parce qu’ils se méfient des habitants locaux, dont certains peuvent être des informateurs de l’armée russe.

« Ils peuvent transmettre les coordonnées de logements occupés par des militaires ukrainiens ou des points de commandement », grimace « Krestik ». Il explique que le long couvre-feu est une mesure pour lutter contre les « DRG », acronyme pour les groupes de saboteurs russes infiltrés derrière les lignes ukrainiennes, et qui seraient, d’après lui, très actifs à Pokrovsk.

Moyens humains très importants

En journée, les coups sourds de l’artillerie retentissent régulièrement au loin, mais le quartier reste relativement épargné par les bombardements, comme en témoignent les fenêtres des immeubles, pour la plupart intactes. Ce dimanche 10 novembre, les quartiers résidentiels ne sont pas bombardés, mais une très violente explosion a déchiré l’air en fin de matinée, probablement une bombe aérienne qui s’est écrasée sur Myrnohrad, la ville voisine. Les frappes touchent principalement les zones industrielles, où les destructions sont déjà très impressionnantes.

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