mercredi, décembre 18, 2024
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A Beyrouth, le choc et la peur d’une guerre généralisée


Soutenu par trois hommes, un père en pleurs, la main sur le cœur, appelle sa fille depuis un monticule formé par un immeuble en ruines dans la Dahiyé, la banlieue sud de Beyrouth, dimanche 29 septembre. « Parle à ton père, envoie-moi un signe », exhorte l’homme devant un immeuble jaune effondré sous le souffle des frappes qui ont pulvérisé en contrebas, vendredi, un bloc de six immeubles, sous lequel se trouvaient le quartier général du parti chiite Hezbollah et son chef, Hassan Nasrallah.

Les corps de sa fille et de son épouse sont encore prisonniers de la carcasse de béton. Comme ceux de l’oncle, de la tante et des deux cousines de Hicham (les prénoms ont été changés à la demande des interviewés), qui est venu ramasser leurs affaires dans les décombres. Les équipes de la défense civile n’ont pas encore commencé les recherches des victimes civiles dans les immeubles lourdement endommagés par le souffle de l’explosion, et dans les gravats de ceux réduits en poussière.

Le corps du « sayyid » Nasrallah a été retrouvé, samedi, dans les entrailles du bunker souterrain. La confirmation de sa mort par le Parti de Dieu a provoqué une onde de choc dans le pays, figé dans une attente fébrile. Dans l’épicerie à l’entrée du quartier chiite de Khandak Al-Ghamik, au centre de Beyrouth, la caissière n’arrive pas à retenir ses larmes depuis l’annonce de sa mort. De nombreux chiites avaient développé un sentiment d’intimité avec le leader charismatique.

Des secouristes regardent les lieux de la frappe israélienne qui, vendredi, aurait causé la mort de Nasrallah, à Dahiyé, au Liban, le 29 septembre 2024.
Un homme pleure, sur les lieux d’une frappe israélienne, à Dahiyé, au Liban, le 29 septembre 2024.

Tout autour de l’épicerie, le temps paraît suspendu. Des hommes mutiques, la mine sombre, attendent une consigne concernant les cérémonies, assis sur des chaises en plastique. Un homme a des bandages à chaque main et au visage, comme de nombreuses recrues du Hezbollah, blessées par l’explosion de leur bipeur, du fait d’un sabotage imputé à Israël, le 17 septembre. Des hommes restent debout sous le porche d’un immeuble, à l’abri d’éventuelles balles perdues. Des saccades de tirs résonnent dans les airs à intervalles réguliers, en hommage au « martyr ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Beyrouth, la stupeur après la mort de Hassan Nasrallah

Jeunes à bout de nerfs

Au cœur du quartier, l’ambiance est électrique. Les jeunes sont à bout de nerfs, entre colère et sentiment d’abandon. Aucune directive ne leur a encore été donnée par la direction du parti chiite. Les responsables locaux du Hezbollah ne sont pas certains de pouvoir les gérer. Les journalistes sont fermement invités à rester à l’écart en ce moment d’affliction, un débordement pouvant survenir à tout instant. Le sentiment de puissance et de fierté que projetait Hassan Nasrallah au sein de la communauté chiite laisse place à la vulnérabilité.

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