Friday, March 14, 2025
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la France dit son « opposition à tout déplacement forcé de la population palestinienne » après les déclarations de Donald Trump


Question morale mise à part, comment peut-on concrètement imaginer une prise de contrôle américaine de Gaza ? Quelles opérations militaires ? Quelles déportations massives et vers où ?

Le pire est à venir

L’annonce de Donald Trump d’une prise de contrôle de Gaza par les Etats-Unis n’a pas été suivie de la présentation d’un plan détaillant les étapes d’une telle opération. Nul ne peut dire d’ailleurs si cette annonce se traduira un jour dans les faits, comment, ou bien si elle restera de l’ordre du slogan, comme la promesse non tenue de la campagne présidentielle de 2016 selon laquelle le Mexique allait payer pour la construction d’un « mur » à sa frontière avec les Etats-Unis.

Si les Etats-Unis entendaient effectivement prendre le contrôle de la bande de Gaza pour la reconstruire après en avoir chassé ses habitants, cela impliquerait une opération militaire coordonnée avec Israël, qui contrôle tous les accès. Puisque les Palestiniens devraient s’y opposer, les Etats-Unis devraient alors déployer des troupes sur place. En vertu du War Power Act de 1973, le président est théoriquement tenu d’obtenir un feu vert du Congrès. Dans les faits, les locataires de la Maison Blanche se sont régulièrement affranchis de cette obligation.

Une telle opération n’aurait évidemment pas l’aval des Nations unies, Donald Trump ne solliciterait d’ailleurs certainement pas le Conseil de sécurité de l’ONU, où il serait immanquablement mis en échec. Il s’agirait d’une invasion et d’une occupation sans la moindre légitimité en droit international. L’éviction par la force de la population palestinienne relèverait en outre du nettoyage ethnique, qui constitue un crime de guerre.

Le temps nécessaire pour reconstruire Gaza, qui pourrait s’étirer sur plus d’une quinzaine d’années, selon un rapport des Nations unies datant du mois de mai 2024, alors que les destructions se sont aggravées depuis cette date, impliquerait un déploiement militaire qui dépasserait de beaucoup le mandat de Donald Trump, sans aucune garantie qu’une autre administration, a fortiori démocrate, s’inscrive dans un tel programme. Le coût de la reconstruction – estimé par le même rapport entre 30 et 40 milliards de dollars – est probablement encore plus élevé, l’absence d’accès à la bande de terre, interdite par l’armée israélienne, rendant délicat ce travail d’estimation. Donald Trump assure que les pays de la région financeraient ces travaux tout en hébergeant définitivement les Palestiniens de Gaza, mais tous s’y sont opposés depuis l’annonce du président des Etats-Unis.

Gilles Paris (éditorialiste au « Monde »)



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