vendredi, décembre 20, 2024
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en Syrie, les charniers du régime Al-Assad


Ce n’est, à première vue, qu’un terrain vague, délimité par une palissade couleur saumon au bord de l’autoroute qui relie Damas à Homs. Des monticules de terre se dessinent, chacun marqué d’un bout de parpaing. Abou Ali prie, avec son fils et un adolescent qui les accompagne, devant un alignement de dalles de béton qui a été mis au jour sous un monticule. Sous chaque dalle, une cavité de près de 2 mètres de profondeur renferme plusieurs sacs de protéines de soja, numérotés. « Tombe 158, inconnu, sac 114 », est-il écrit sur l’un des sacs. A l’intérieur se trouvent un crâne, quelques ossements et une corde bleue effilochée.

Chaque sac renferme les restes d’un corps. Sur près de 200 ares de terrain se dessinent les mêmes monticules. « On n’aurait jamais imaginé cela, confie, atterré, Abou Ali, un habitant de 40 ans d’un village voisin du site, près d’Adra, au nord de Damas. On ne pouvait pas approcher de cet endroit. [L’armée syrienne] a construit un enclos à la place de la station de bus et mis un barrage de sécurité devant. On comprend pourquoi maintenant. » L’homme ne veut pas dévoiler son identité. « J’ai peur que [le président syrien déchu] Bachar Al-Assad revienne, dit-il. Ce charnier est la preuve de ses crimes. Aucun être humain ne pourrait faire cela. Va-t-il être jugé devant un tribunal international ? »

De nombreux cadavres sont enterrés sous des dalles dans cette enceinte près d’Adra, au nord de Damas, le 18 décembre 2024. Des fosses communes y ont été creusées par le régime Al-Assad.
Des restes humains entreposés dans un sac dans une fosse commune près d’Adra, au nord de Damas, le 18 décembre 2024.
Des cadavres et des restes humains entreposés dans des sacs industriels dans une fosse commune créée par le régime syrien près d’Adra, au nord de Damas, le 18 décembre 2024.

Parmi les corps ensevelis se trouvent les victimes du régime Al-Assad, certains des centaines de milliers de Syriens qui ont été tués dans la répression du soulèvement de 2011 et la guerre civile qui s’est ensuivie. Abou Ali y cherche un cousin, qui a disparu en 2013 après une convocation aux services de renseignement. Mayssan est venu d’Idlib, dans le nord du pays, en quête de son père et d’un oncle, disparus aussi en 2013, alors qu’il n’avait que 2 ans, au barrage de sécurité érigé sur l’autoroute, près de l’usine de sucre d’Adra transformée en centre d’interrogatoire. « Je ne pense pas trouver son corps car il n’y a pas de noms, que des numéros », dit Abou Ali.

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