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« Nous sommes contre le Kremlin, contre la guerre, pour une Ukraine libre, pour la démocratie en Russie »


Olga Romanova et Jury Borovskikh, de l’organisation Rus Sidyashaya (Russia behind bars), Oleksandra Romantsova (Center for civil liberties) et Valeria Vetoshkina, avocate spécialisée dans les droits de l’homme, lors d’une conférence organisée par la « Plateforme », alliance réunissant plus de 80 organisations, le 3 décembre 2024, à Berlin.

C’est l’autre Russie. Rassemblée mardi 3 décembre à Berlin, dans un endroit tenu secret jusqu’à la veille pour des raisons de sécurité, cette opposition se veut tout le contraire du Kremlin de Vladimir Poutine : plurielle et tolérante, proche du terrain, avec un fonctionnement horizontal. « L’objectif est de représenter les Russes qui ne se retrouvent ni dans le régime ni dans les mouvements en exil. Nous sommes tous contre le Kremlin, contre la guerre, pour une Ukraine libre, pour la démocratie en Russie », explique Katia Moroko, 28 ans, l’une des coordinatrices de cette « Plateforme » réunissant plus de 80 organisations qui, pour la plupart, sont nées après le lancement de l’« opération militaire spéciale » du Kremlin en Ukraine, en février 2022.

Dans la salle de la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate d’Allemagne, ces rebelles sont en majorité jeunes et impétueux mais organisés et disciplinés. Pour eux, face au Kremlin, il s’agit avant tout de faire de la « résistance », en unissant leurs efforts et en coordonnant leurs initiatives, afin d’être dans le concret et non dans le discours. « Nous n’avons pas d’expérience en politique. Nous sommes juste des gens normaux ! Une véritable société civile », explique Katia Moroko, contrainte comme les autres militants de quitter la Russie. Certains s’impliquent pour les prisonniers politiques en Russie, d’autres pour les déserteurs ou les opposants cherchant à s’exprimer sans trop de danger à l’intérieur du pays. Certains luttent contre la LGBTphobie, d’autres défendent la cause féministe.

Leurs organisations sont interdites en Russie. Etant donné que quelque 15 % d’entre elles restent actives dans le pays mais sont menacées par une répression croissante, la prudence est de mise : peu de détails de la réunion berlinoise doivent être rendus publics ; plusieurs personnes préfèrent rester anonymes. « La Russie est présentée en Europe comme un agresseur. Mais il ne faut pas oublier que les Russes sont les premiers opprimés du régime. Beaucoup d’entre nous souhaitent la victoire de l’Ukraine, donc la défaite de la Russie. Pour cela, nous pouvons être poursuivis pour trahison », confie l’un de ces opposants de l’ombre. « Notre “Plateforme” est ouverte et, malgré nos règles de sécurité, il y a sans doute des agents du Kremlin infiltrés, y compris dans cette salle », s’inquiète un autre. Tous deux ont à peine 20 ans.

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