Les sociaux-démocrates pro-européens (PSD) sont arrivés en tête des élections législatives en Roumanie, dimanche 1er décembre, mais l’extrême droite confirme sa forte percée, plongeant dans l’incertitude cet Etat voisin de l’Ukraine, membre de l’Union européenne (UE) et de l’Alliance atlantique (OTAN).
Le PSD – qui gouvernait jusqu’à présent avec les libéraux – a recueilli 22,4 % des voix, devançant les autres formations, selon des résultats quasi complets, avec les bulletins de plus de 99 % des circonscriptions à avoir été comptés. Toutefois, l’ensemble des forces d’extrême droite combinées se situent à plus de 31 %, soit le triple du précédent scrutin de 2020.
Dans une séquence inédite, ces élections interviennent une semaine après le succès surprise du candidat d’extrême droite Calin Georgescu au premier tour de la présidentielle, un résultat qui a suscité des craintes dans l’ouest du continent quant au positionnement stratégique futur de la Roumanie.
Si le premier ministre social-démocrate, Marcel Ciolacu, éliminé il y a une semaine de la course à la présidence, s’est félicité de la première place de son parti, il a pris acte de la poussée des nationalistes. « Les Roumains ont lancé un important signal à la classe politique », a-t-il réagi : poursuivre sur la voie européenne « mais aussi protéger notre identité et nos valeurs nationales ».
L’extrême droite, disséminée entre plusieurs formations qui ont en commun de s’opposer au soutien à Kiev au nom de la « paix » et de défendre des « valeurs chrétiennes », s’est félicitée de ces résultats. « Aujourd’hui le peuple roumain a voté pour les forces souverainistes », a déclaré le chef du parti AUR (Alliance pour l’unité des Roumains), George Simion, qui a obtenu 17,8 % des voix. « C’est le début d’une nouvelle ère où les Roumains se réapproprient le droit de décider de leur propre destin », a-t-il ajouté, alors que le taux de participation avait atteint son plus haut niveau en deux décennies (52 %) pour des législatives.
Dans le même camp, SOS Romania, mouvement dirigé par la tempétueuse candidate favorable au Kremlin, Diana Sosoaca, et le tout nouveau Parti de la jeunesse (POT) font leur entrée au Parlement avec respectivement 7,2 % et 6,3 % des voix.
Des appels à « un gouvernement d’unité nationale » pro-UE
Depuis la chute du communisme, en 1989, le pays n’a jamais connu pareille percée, mais la colère d’une grande partie des dix-neuf millions d’habitants couve devant les difficultés économiques et la guerre de l’autre côté de la frontière.
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Pour autant, faute d’alliés, l’accession au pouvoir de l’extrême droite est loin d’être garantie. Déjà, plusieurs responsables politiques ont lancé des appels à « un gouvernement d’unité nationale » résolument pro-européen. « Unis, nous pouvons faire des merveilles », a lancé la cheffe de file des centristes de l’Union sauvez la Roumanie (USR, 12,1 %), Elena Lasconi, qui est, elle, qualifiée au second tour de la présidentielle. Après les dernières journées qu’elle a qualifiées de « cauchemardesques », elle a appelé à laisser de côté les querelles de partis pour défendre « la démocratie » et l’indépendance de la Roumanie face à la Russie.
Les élections se sont déroulées dans un climat fébrile après la décision de la justice de recompter les bulletins du premier tour de la présidentielle sur fond de suspicions quant à l’intégrité des élections. Les autorités ont mis en cause l’influence russe dans le contexte régional actuel et le rôle de la plateforme TikTok, au point que la Cour constitutionnelle a ordonné ce nouveau comptage et doit se prononcer lundi. Si le scrutin n’est pas annulé, le second tour aura lieu le 8 décembre.