La file de véhicules qui attend de passer le terminal de Masnaa, à la frontière entre le Liban et la Syrie, s’allonge, en milieu d’après-midi, vendredi 27 septembre. Les frappes massives sur la banlieue sud de Beyrouth, qui ont visé le quartier général du Hezbollah, n’ont pas encore eu lieu que, déjà, des véhicules aux plaques libanaises et syriennes, des minibus remplis de femmes et d’enfants se pressent pour rejoindre Damas, depuis la plaine de la Bekaa, Beyrouth et même le sud du Liban, où Israël mène des frappes intensives depuis le 23 septembre.
« Depuis dimanche [22 septembre], ils n’arrêtent pas de bombarder notre village de Aali en-Nahri, près de Zahlé, et encore aujourd’hui, toute la journée. Il y a déjà 24 morts dans le village. Des gens sont toujours sous les décombres. Je ne peux pas attendre plus longtemps, j’ai peur, j’ai du diabète et il n’y a plus de places libres dans les écoles au Liban, qui ont été ouvertes pour les réfugiés », raconte fébrilement Rabia Jarouch, éprouvé par les bombardements des derniers jours.
Jeudi, ce Libanais de 42 ans a emmené sa femme, ses enfants et des proches à Damas. Il est revenu vendredi matin pour faire un dernier voyage avec ses parents. Aucun d’entre eux n’a de proches chez qui aller en Syrie. « Le Hezbollah organise tout. Il envoie des minivans pour récupérer les déplacés libanais du côté syrien de la frontière et les place dans des hôtels à Sayyida Zeinab », le quartier du mausolée chiite de Damas, poursuit M. Jarouch.
« On ne connaît personne à Damas »
Un groupe de femmes attend de trouver un minibus, une fois leur visa de sortie apposé par les gardes frontières libanais. « Dans la banlieue sud de Beyrouth, c’est de pire en pire, on a vu des bombardements très violents. Trouver un appartement dans le reste du Liban, ça coûte très cher, on préfère aller en Syrie. On ne connaît personne à Damas mais on va être accueillis dans des refuges », détaille Samia, qui voyage avec deux de ses sœurs et leurs six enfants, dont trois nourrissons.
Toutes ont laissé derrière elles leur mari, des membres du Parti de Dieu. « Ils sont chargés de déblayer les maisons qui sont bombardées à la recherche de victimes », ajoute la jeune femme. Un homme, qui dit aider les gens gracieusement à rejoindre la frontière depuis les villages bombardés, à travers un groupe WhatsApp, leur fait signe de rejoindre un minibus, vide, qu’il leur a trouvé, et sur le toit duquel elles chargent des sacs pleins à craquer.
A côté, le minibus d’Ali a l’air bien vide. D’habitude, il le conduit à travers son village de Ras Al-Aïn, dans la région de Baalbek, pour le ramassage scolaire. Ce matin-là, il a pressé son épouse, une Syrienne de 20 ans originaire de Homs, qui vit au Liban depuis qu’elle est enfant, de faire rapidement quelques sacs pour eux et leurs trois enfants, dont les âges vont d’un an et demi à 6 ans. « Depuis lundi, ça bombarde beaucoup à Ras Al-Aïn. Aujourd’hui, on a décidé de mettre les voiles », raconte son épouse, qui ne sait pas où le voyage les mènera, si ce n’est « à Sham » (Damas).
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