Le premier ministre britannique, Keir Starmer, avait promis que les émeutiers subiraient « la pleine force de la loi ». Deux semaines après le début des violences racistes qui ont touché de nombreuses villes du Royaume-Uni, à la suite de la mort de trois enfants dans une attaque au couteau dans la ville de Southport, le 29 juillet, faussement attribuée, sur les réseaux sociaux, à un migrant récent de confession musulmane, les tribunaux britanniques ont en effet multiplié les condamnations sévères.
D’après un décompte effectué par la BBC, mardi 13 août, la quasi-totalité des personnes déjà condamnées pour leur participation aux violences ont été envoyées en prison. Sur 54 condamnations, 47 adultes et 3 mineurs se sont vu infliger une peine de détention ferme, de deux ans en moyenne. Au total, 275 personnes sont poursuivies pour leur rôle dans les émeutes. Celles qui ont plaidé coupable ont été jugées en procédure accélérée ; les autres ont été quasi systématiquement placées en détention provisoire, dans l’attente de procès qui devraient avoir lieu principalement en septembre.
Les sanctions ont été particulièrement sévères pour les personnes n’ayant pas directement participé aux émeutes, mais qui ont incité à la violence sur les réseaux sociaux. A Northampton, un homme de 26 ans, qui avait appelé à brûler des hôtels et des cabinets d’avocats aidant les migrants, a été condamné à trente-six mois de prison ferme. La police n’avait pas eu beaucoup de mal à le retrouver : il avait publié les messages sur son compte X, sur lequel il était inscrit sous son vrai nom et avec une véritable photo de profil.
Des profils divers
Le gouvernement travailliste a par ailleurs annoncé son intention de renforcer les textes sanctionnant la haine en ligne, sans préciser de quelle manière. Le Royaume-Uni a pourtant adopté en 2023 un tout nouveau texte, l’Online Safety Act, qui encadre très largement les réseaux sociaux.
Parmi les condamnés pour des faits de violence physique, les profils sont relativement divers. Si la vaste majorité des personnes jugées sont des hommes blancs, l’âge des prévenus varie de 12 ans à 69 ans, parmi lesquels figurent des chômeurs, des salariés et des retraités. Seule une petite partie des condamnés avaient déjà un casier judiciaire ; beaucoup ont expliqué lors des audiences s’être laissé emporter, sans pouvoir expliquer le niveau des violences commises, notamment contre les policiers.
Une poignée de contre-manifestants fait également partie des condamnés – à Leeds, deux hommes ont été condamnés à des peines de prison ferme après s’être battus avec un groupe d’hommes arborant des drapeaux anglais. Et un élu local travailliste de la banlieue de Londres, Ricky Jones, a été placé en détention provisoire – il doit être jugé pour incitation à la violence, après avoir déclaré qu’il fallait « trancher la gorge » des extrémistes de droite lors d’une manifestation.
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