Ce fut sec et laconique : « J’ai décidé de remplacer le commandant de l’armée de l’air des forces armées ukrainiennes. » Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a choisi la concision pour annoncer, vendredi 30 août, le limogeage de Mykola Olechtchouk, lors de sa traditionnelle allocution vidéo, après la publication d’un décret en ce sens sur le site de la présidence.
Si aucune raison officielle n’a été avancée pour expliquer cette décision, cette dernière survient au lendemain de l’annonce du crash d’un avion F-16, précieux matériel militaire livré par les Occidentaux, et réclamé sans relâche par l’Ukraine depuis deux ans. Kiev a finalement annoncé, au début d’août, avoir reçu les premiers modèles.
Selon l’armée ukrainienne, ce crash – dans lequel le pilote Oleksiï Mes, formé aux Etats-Unis, a trouvé la mort – a eu lieu lors d’une attaque massive de missiles et de drones russes, lundi. Peu de détails ont été fournis sur cet épisode par les autorités ukrainiennes. D’après l’état-major, les F-16 ont permis d’abattre quatre missiles de croisière russes lors de l’attaque, mais « pendant l’approche de la cible suivante, la communication avec l’un des avions a été perdue ».
« Culture du mensonge »
De son côté, la députée ukrainienne Mariana Bezuhla, membre de la commission défense du Parlement, avance une version embarrassante. Selon elle, le F-16 a été abattu par erreur par un système antiaérien Patriot « en raison d’une mauvaise coordination entre les unités ». Dans un message sur Telegram, elle avait critiqué, jeudi, « la culture du mensonge » au sein du commandement militaire ukrainien et le fait « qu’aucun des généraux n’a été puni » et que « le général Olechtchouk reste en poste ».
Vendredi, elle a ajouté qu’il s’agissait « d’au moins la troisième fois » qu’un avion ukrainien était abattu par erreur par les défenses antiaériennes ukrainiennes. « Les deux incidents précédents, qui n’impliquaient pas de F-16, ont été officiellement imputés aux Russes », a-t-elle accusé.
Mykola Olechtchouk avait, lui, promis sur Facebook, vendredi avant son limogeage, de « découvrir les causes de la catastrophe aérienne » avec le F-16, assurant « ne rien cacher ». Il a accusé Mme Bezuhla de vouloir « discréditer les hauts responsables militaires » et les Etats-Unis, concepteurs des F-16 et des systèmes Patriot fournis à Kiev.