La séquence électorale inédite de juin-juillet a suscité bien des interrogations, mais aussi des passions − tristes ou joyeuses, en fonction des rebondissements − qui se sont exprimées chez les Français dans les urnes ou pour se détourner de celles-ci. Face à la polarisation des enjeux entretenue par les forces radicales, à gauche comme à droite, les affects se sont fait entendre et ont pu diviser.
La victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes du 9 juin a pu en réjouir certains et en inquiéter, voire désorienter, d’autres. La dissolution de l’Assemblée nationale a pu désarçonner les électeurs, qui ne s’attendaient pas à être reconvoqués de façon si précipitée à des élections législatives. Le jeu complexe des coalitions, notamment à gauche, et des stratégies de barrage à l’extrême droite victorieuse aux européennes a pu encore troubler les esprits. Les Français ont dû se positionner, non sans hésitation.
Les périodes électorales sont un moment de regain des discussions politiques dans la vie quotidienne des Français. La vie privée résonne des accords comme des désaccords que le choix électoral peut activer. Si l’homogamie politique domine dans le cercle des proches et si la plupart des citoyens préfèrent les discussions politiques avec des personnes partageant leurs propres opinions, la dispute contradictoire a concerné néanmoins une partie non négligeable de la population.
Un quart des Français (26 %) reconnaît avoir eu, durant la période des élections législatives, des discussions politiques animées, voire de profonds désaccords, avec des personnes de leur entourage, et davantage parmi ceux qui s’intéressent à la politique (36 %). C’est à la fois beaucoup, mais c’est aussi peu si l’on considère que l’échange est l’un des points d’accroche de la décision électorale et que la tension politique a été particulièrement vive durant la période.
Politisation et discussion vont de pair, mais même parmi ceux qui se montrent intéressés, l’absence d’échanges conflictuels reste la norme. L’homogamie politique est une réalité. La majorité des électeurs, lorsqu’ils échangent sur leurs opinions ou leurs choix électoraux, le font avec des gens avec lesquels ils sont en accord et évitent ainsi le désaccord, affectivement risqué.
Effet de conjoncture
Plus on est jeune, plus on s’expose à la dispute. La relation est parfaitement linéaire : plus de quatre jeunes sur dix (43 %) de moins de 35 ans, et près d’un sur deux (48 %) parmi les 18-24 ans, reconnaissent avoir fréquemment ce type de discussion, les jeunes hommes plus que les jeunes femmes (45 % contre 40 % parmi les moins de 35 ans). Au fur et à mesure que les citoyens prennent de l’âge, la fréquence des discussions politiques conflictuelles avec leur entourage diminue régulièrement. Parmi les personnes âgées de 70 ans et plus, ils ne sont que 16 %.
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