Depuis le 7 octobre 2023, c’est une première. Un attentat a été mené, dimanche 8 septembre, par un ressortissant jordanien contre des gardes de sécurité israéliens, au point de passage Allenby, qui enjambe le Jourdain. Ce terminal est vital pour les Palestiniens de Cisjordanie, puisque, contrôlé par l’Etat hébreu, il est le seul à relier ce territoire occupé à la Jordanie. Partant, il constitue la seule voie d’accès de cette population au reste du monde.
Un homme, répondant au nom de Maher Al-Jazi, s’est approché, dimanche en début de journée, du côté israélien du terminal. Avant d’y arriver, il lui avait auparavant fallu passer les contrôles jordaniens. Il se trouvait à bord d’un camion. Il en est descendu une fois le véhicule garé dans la file d’attente dédiée aux vérifications des Israéliens ; il a aussitôt ouvert le feu avec une arme de poing, blessant grièvement trois vigiles israéliens affectés au contrôle de cette partie d’Allenby. Les trois hommes, dont le plus âgé a 65 ans, sont décédés. Le tireur a été tué à son tour. L’agence de presse jordanienne Petra a affirmé qu’il s’agissait d’un chauffeur, supposé livrer des biens en Cisjordanie. Le passage d’Allenby a été aussitôt fermé.
Le Hamas et le Jihad islamique, par des communiqués, ont manifesté leur soutien à cette action, sans en revendiquer la paternité, le premier la qualifiant de « réponse naturelle (…) en raison des actions de l’armée israélienne à Gaza, en Cisjordanie », mais aussi comme conséquence « des plans israéliens pour déplacer et judaïser la mosquée d’Al Aqsa ».
Ces derniers termes font référence aux prières juives organisées de manière récurrente sur l’esplanade des Mosquées, à Jerusalem, le troisième lieu saint de l’islam, alors que le statu quo, en vigueur depuis la conquête de la vieille ville par Israël en 1967, l’interdit.
Le 13 août, plusieurs centaines d’Israéliens avaient participé à une prière sur ce site hautement sensible, à l’initiative du ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, un colon d’extrême droite, habitué de ce genre de provocations. Ces agissements sont de nature à enflammer les esprits, mais en Cisjordanie, comme à Jérusalem-Est, la retenue a été évidente, et aucune protestation n’a été signalée.
« L’atmosphère en Jordanie empoisonnée par la guerre à Gaza »
Le ministère de l’intérieur jordanien a annoncé, dimanche soir, que selon son enquête préliminaire, l’assaillant présumé, Maher Al-Jazi, était originaire du Sud du royaume, une région marginalisée et frondeuse. Selon le ministère, l’attaque constituerait un incident isolé.
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