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l’opposition toujours mobilisée, son leader en exil


Lors d’une manifestation dans le quartier de Choupal, à Maputo, le 15 novembre 2024.

A midi, le temps se suspend à Maputo. Le trafic routier s’immobilise quinze minutes, un concert de klaxons retentit, les habitants sortent dans la rue tout de noir vêtus. Le soir, depuis les fenêtres et les balcons, un infernal concert de casseroles emplit l’air marin de la capitale du Mozambique. L’opposition et ses partisans ont choisi ce mode opératoire pour répondre à la violente répression des manifestations qui ont suivi l’élection présidentielle du 9 octobre. Au moins 72 manifestants ont été tués par la police ou l’armée, selon le Centre pour la démocratie et les droits humains (CDD).

A l’origine des tensions, un scrutin présidentiel contesté dont est sorti vainqueur Daniel Chapo, le candidat du Frelimo, le parti de libération au pouvoir de façon ininterrompue depuis l’indépendance, en 1975. Le président élu de 47 ans est crédité de 70,7 % des voix, selon les résultats préliminaires annoncés par la commission électorale, elle-même fréquemment accusée de connivence avec le pouvoir. Des chiffres rejetés par l’opposition et à propos desquels les observateurs de l’Union européenne ont relevé des « irrégularités » et des « modifications injustifiées ».

La contestation a pris une tournure violente, le 19 octobre, après l’assassinat d’un cadre de Podemos et de l’avocat de ce parti d’opposition dans le centre-ville de Maputo, alors qu’ils étaient en route pour déposer un recours contre les fraudes électorales.

Deux jours plus tard, sur le lieu de l’assassinat, le candidat de Podemos, Venancio Mondlane (qui a remporté 20 % des suffrages), reçoit des grenades lacrymogènes de la police. Très vite, il fuit clandestinement en Afrique du Sud voisine. Puis, victime d’une tentative d’assassinat à Johannesburg le 7 novembre, il quitte le continent africain. C’est depuis son nouveau lieu d’exil – gardé secret – qu’il mène désormais son combat à travers des vidéos postées sur sa page Facebook et visionnées par plus de 2 millions d’internautes.

« Venancio Mondlane est influent, mais il dispose de moyens limités depuis l’étranger, juge Adriano Nuvunga, le président du Réseau mozambicain des défenseurs des droits humains. Il utilise les réseaux sociaux, que le gouvernement bloque en retour. » Depuis le 31 octobre, l’accès aux principales plateformes (Facebook, Instagram et WhatsApp) est coupé, mais la restriction est largement contournée par les réseaux privés virtuels (VPN).

« Le gouvernement panique »

Pasteur évangélique et ancien animateur de radio, Venancio Mondlane a exigé trois jours de deuil et de mobilisation (mercredi 20, jeudi 21 et vendredi 22 novembre) pour rendre hommage aux « martyrs de la révolution » tombés sous les balles de la police. Sur une vidéo tournée dans le centre de Maputo mercredi, une foule scandait « E melhor fugir, estamos a vir » (Vous feriez mieux de vous enfuir car nous vous poursuivrons) à l’adresse des forces de l’ordre.

« Il existe un mouvement spontané et suivi par toutes les strates de la société, observe Zenaida Machado, chercheuse de Human Rights Watch au Mozambique. Face à l’ampleur de la mobilisation, le gouvernement panique. » D’après une source diplomatique, les autorités mozambicaines ont détaché un émissaire auprès de l’Union africaine pour rassurer l’organisation continentale sur le maintien de l’ordre dans les rues de Maputo.

Inflexible, le pouvoir dénonce une tentative de coup d’Etat menée par l’opposition. Le ministre de l’intérieur accuse les manifestants d’« actes de terrorisme » et la justice a annoncé poursuivre Venancio Mondlane, le jugeant personnellement responsable des dégâts causés par les manifestations, estimés à environ 500 000 euros. La situation demeure tendue à Maputo mais aussi dans plusieurs capitales provinciales comme Beira (centre), alors que les résultats officiels n’ont pas encore été promulgués et qu’aucune date n’a pour l’instant été communiquée.

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Le refus de dialoguer du Frelimo « nous mène tout droit à la catastrophe », affirme Zenaida Machado. Adriano Nuvunga craint pour sa part que le mouvement contestataire se trouve face à une impasse : « Le parti n’a négocié qu’une seule fois dans son histoire. C’était en 1992, quand les rebelles étaient aux portes de Maputo. Cela montre bien que le Frelimo ne dialogue que lorsqu’il a un pistolet sur la tempe. Et ce n’est pas le cas aujourd’hui. »

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