jeudi, décembre 12, 2024
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l’histoire tourmentée de la « Villa Suzette », propriété de la famille Sassou-Nguesso


La Villa Suzette, au Vésinet (Yvelines), en novembre 2024.

La grande bâtisse blanche est située à une centaine de mètres de la gare du Vésinet, banlieue huppée des Yvelines. « Villa Suzette », indique une plaque en marbre scellée à côté du portail. Selon un site recensant toutes les habitations cossues de la ville, cette maison de l’avenue Maurice-Berteaux a été baptisée ainsi par Suzanne de Zara, l’une des premières habitantes de la demeure. Cette artiste y aurait vécu au tout début du XXe siècle.

La Villa Suzette a aujourd’hui d’autres propriétaires célèbres : la famille de Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo-Brazzaville. En juillet 1983, il l’achète pour 3 millions de francs (soit l’équivalent de plus de 1 million d’euros aujourd’hui). Après sa défaite à l’élection de 1992, il s’y serait un temps retiré pour préparer son retour et reprendre le pouvoir en 1997 après quatre mois de guerre civile.

Un havre de paix loin de Brazzaville mais qui, selon l’association Sherpa et d’autres ONG, a été acquis grâce à l’argent détourné de la rente pétrolière congolaise. En 2007, ces organisations ont déposé plainte auprès de la justice française pour détournements de fonds publics. Dans ce dossier dit des « biens mal acquis », dans lequel les magistrats cherchent à savoir si le patrimoine français de plusieurs dirigeants africains (Congo, Gabon, Guinée équatoriale…) a été constitué avec de l’argent public détourné, des proches du président congolais ont été mis en examen.

Pour les enquêteurs, la Villa Suzette aurait été acquise grâce à ces détournements. D’après l’ordonnance de saisie pénale immobilière, un document de six pages que Le Monde a pu consulter, le bien « a été financé par le produit de plusieurs infractions », telles que la complicité de recel de détournement de fonds publics, le blanchiment, l’abus de biens sociaux, l’abus de confiance…

Saisie par la justice française en août 2015, la maison est toutefois encore aujourd’hui habitée et appartient toujours à la famille du président congolais. « L’affaire est en cours, explique Jean-Marie Viala, avocat de la famille Sassou-Nguesso. Les saisies pénales ne sont pas des ordonnances de condamnation. Personne n’a été jugé ou condamné dans cette affaire. »

« Des dorures partout »

Plus de quatre décennies après son acquisition par Denis Sassou-Nguesso, la Villa Suzette n’a pas livré tous ses secrets. « Je l’ai achetée en 1983 et j’ai décidé de la mettre au nom de mon frère, un paysan venu du village qui n’avait pas de quoi s’offrir un tel logement, déclarait le président congolais dans une interview à l’hebdomadaire L’Express en juillet 2009. C’est un bien familial. J’y ai envoyé mes enfants étudier en France. Ils y ont vécu le calvaire : parfois, il n’y avait ni chauffage ni eau. » En février 2002, Denis Sassou-Nguesso décide donc de rénover entièrement cette villa de 500 m².

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