lundi, septembre 23, 2024
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« Les diplomates n’ont plus le monopole de la politique étrangère »


Le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni au siège des Nations unies à New York, aux Etats-Unis, le 16 septembre.

Dans un monde marqué par le retour de la guerre et des rivalités entre Etats, que peut encore la diplomatie ? La remise en cause du système international mis en place après la seconde guerre mondiale, par les pays émergents et surtout par ces néo-empires autoritaires que sont la Russie et la Chine, l’oblige à se réinventer. Un défi pour la France, qui veut faire entendre une voix singulière devenue souvent inaudible. Entretien avec Michel Duclos, ancien ambassadeur, désormais conseiller géopolitique à l’Institut Montaigne.

L’Assemblée générale de l’ONU, qui s’est ouverte le 10 septembre, est boudée par nombre de chefs d’Etat, même si Emmanuel Macron s’est finalement rendu à New York, contrairement à l’an dernier. La paralysie de l’organisation, notamment du Conseil de sécurité, est-elle le signe d’un bouleversement du monde ?

Dans l’histoire des Nations unies, ce que vous appelez la paralysie a été la norme pendant les quatre décennies de la guerre froide [1945-1989]. Le rôle actif joué par le Conseil de sécurité tel qu’on l’a connu pendant un peu plus de dix ans après l’effondrement de l’URSS, en 1991, a en réalité été l’exception. Cependant, la Russie semble désormais jouer ouvertement sur le déclin du Conseil de sécurité, dans le cadre d’une remise en cause du système international établi après la seconde guerre mondiale. Son modèle, au fond, n’est-ce pas un directoire mondial Russie-Chine – Etats-Unis, et peut-être Inde – les Français et les Britanniques, les Européens en général d’ailleurs, sortant de l’histoire ? De son côté, la Chine hésite entre deux options : soit dominer le système multilatéral existant, soit constituer, avec ses clients, un contre-système opposé aux Nations unies. Globalement, le monde est beaucoup plus fragmenté qu’auparavant. Les Nations unies sont donc un champ de bataille, mais aussi le dernier cadre dans lequel les nations divisées peuvent encore dialoguer.

Cette confrontation générale complique-t-elle la donne ?

Jusqu’aux années 1990, l’affrontement entre deux camps – l’Est et l’Ouest – dominait la scène, les non-alignés se contentant de faire de la figuration. Aujourd’hui, c’est plus compliqué et confus. Dans leur majorité, les pays du Sud ont condamné l’intervention russe en Ukraine, mais ils refusent de se joindre aux sanctions occidentales – avec un impact déterminant sur le conflit. La montée en force des puissances moyennes, principalement du Sud (Inde, Brésil, Indonésie, Iran, Arabie saoudite, Turquie, etc.), rend la situation mouvante. Ces nouveaux faiseurs de rois sont certes divisés entre eux. Une organisation informelle comme les BRICS +, regroupant désormais dix pays émergents [le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Ethiopie et l’Iran], reste très hétérogène. Cependant, beaucoup de ces pays se retrouvent autour de deux points forts : la défiance à l’égard de l’Occident et, plus récemment, la satisfaction de siéger à la table de l’empereur de Chine. Ce sont les deux ciments des BRICS + à l’heure actuelle.

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