A dix jours d’élections législatives cruciales en Autriche avec une percée annoncée de l’extrême droite, le Parlement autrichien débattait, mercredi 18 septembre, d’une pétition d’initiative populaire signée par plus de 100 000 électeurs demandant l’adoption « d’une disposition constitutionnelle interdisant explicitement à la République d’Autriche d’adhérer à l’OTAN ». Si la plupart des partis représentés au Conseil national ont rappelé à cette occasion leur attachement à la neutralité historique de ce petit pays alpin, un seul en a profité pour reprendre aussi mot pour mot la propagande russe.
« Nous ne voulons pas que les jeunes Autrichiens soient obligés de partir à la guerre (…) pour le gendarme mondial autoproclamé que sont les Etats-Unis [ou] pour les intérêts géopolitiques d’Ursula von der Leyen », a ainsi fustigé le député du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) chargé des questions de défense, Volker Reifenberger, sans un mot de critique sur le rôle de la Russie de Vladimir Poutine dans la réapparition de la guerre en Europe. Crédité d’environ 27 % des voix dans les sondages, le parti d’extrême droite pourrait faire sensation aux législatives du 29 septembre en arrivant, pour la première fois de son histoire, en tête du scrutin.
Or son chef actuel, Herbert Kickl, 55 ans, fait campagne depuis des mois en assurant que, s’il devient chancelier, il compte bien faire revenir son pays de 9 millions d’habitants à une vision très stricte de sa neutralité. « L’Autriche doit rester neutre », martèle-t-il en répétant qu’il s’opposera aux sanctions européennes contre Moscou ou qu’il fera tout pour conserver les approvisionnements de gaz venant de Russie, en dépit de l’engagement européen de sortir du gaz russe d’ici à 2027. Si l’Autriche n’a jamais livré aucune arme à l’Ukraine en vertu de sa neutralité, le FPÖ veut y ajouter l’interdiction de laisser passer sur son territoire les armes des autres pays européens à destination de Kiev.
« Nous exigeons que l’Autriche soit une zone de non-transport d’armes », a ainsi rappelé M. Reifenberger, le 11 septembre, lors d’une conférence de presse visant à dénoncer la nouvelle stratégie de sécurité nationale présentée par l’actuel gouvernement écolo-conservateur qui estime que, face à la menace russe, il est « essentiel de renforcer les possibilités de coopération avec l’OTAN ». Le FPÖ refuse également la participation de l’Autriche au projet de bouclier antimissile européen Sky Shield actuellement développé par l’Allemagne, en y voyant « une adhésion masquée à l’OTAN ».
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