L’absence d’Olaf Scholz, mobilisé par le sommet du G20 à Rio de Janeiro, semble avoir délié les langues à Berlin. La candidature du chancelier, issu du Parti social-démocrate (SPD), aux élections législatives du 23 février 2025 fait l’objet d’un débat croissant dans son parti, et ce qui n’était encore qu’un bruit de fond il y a une semaine est en train de devenir un sujet de débat public à moins de cent jours du scrutin : l’hypothèse d’une candidature du ministre de la défense, Boris Pistorius, pour la chancellerie, plutôt que celle d’Olaf Scholz, beaucoup moins populaire. Au sein du SPD, les prises de parole se multiplient, au point que les trois principaux responsables du parti – les coprésidents, Saskia Esken et Lars Klingbeil, et le secrétaire général, Matthias Miersch – en ont discuté, mardi 19 novembre au soir, alors que le chancelier volait vers l’Allemagne, de retour du sommet du G20 à Rio de Janeiro.
Jusqu’ici, les dirigeants du SPD ont refusé de mettre le sujet sur la table, minimisant les doutes qui s’expriment en interne, et continuant à faire campagne pour Olaf Scholz. Lundi 18 novembre, Saskia Esken, interrogée sur la chaîne ARD, a ainsi jugé qu’il n’était « absolument pas nécessaire » de débattre d’une candidature de Boris Pistorius. Olaf Scholz est « [leur] chancelier et [leur] candidat à la chancellerie », a-t-elle répété, alors que celui-ci doit être officiellement investi comme candidat le 11 janvier 2025, lors d’un congrès à Berlin.
Mais l’impopularité du chancelier, dont la coalition a éclaté, le 6 novembre, avec le limogeage du ministre des finances, le libéral-démocrate Christian Lindner (FDP), suscite de plus en plus d’inquiétudes. Les sondages donnent les conservateurs de la CDU-CSU, conduits par Friedrich Merz, largement en tête, autour de 32 % des intentions de vote, soit deux fois plus que le SPD.
« La base s’oppose au statu quo »
Ces derniers jours, plusieurs figures du SPD ont exprimé des réserves à propos de la candidature du chancelier. Dernier en date, l’ancien vice-chancelier et ancien président du parti, Sigmar Gabriel. « La base du SPD s’oppose chaque jour à la poursuite du statu quo avec le chancelier Scholz, a-t-il écrit, mardi, sur X. Il faut maintenant une direction politique courageuse. Si on laisse faire, le SPD passera sous les 15 % ! »
Sa voix est venue s’ajouter à celle de Franz Müntefering, lui aussi ancien président du SPD et ancien vice-chancelier, pour qui « la candidature à la chancellerie n’est pas un jeu sur lequel deux ou plusieurs candidats se mettent d’accord le soir autour d’une bière ou d’un petit déjeuner », comme il l’a déclaré au Tagesspiegel, dimanche 17 novembre, réclamant un processus de désignation plus démocratique.
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